mardi 16 septembre 2008

Les petits remèdes de Mère-Grand...

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The Three Ages of the Woman and the Death - Hans Baldung Grien, 1509-10


Inauguration d'une toute nouvelle rubrique : Les petits remèdes de Mère-Grand... Premier post d'une série que j'espère longue... Les textes publiés ici sont des reproductions exactes de la publication d'origine. Je n'ai rien modifié, rien retouché...


Chapitre XXI - Maladie des femmes

§ II. Règles chez les Femmes, les provoquer.

Prenez le matin à jeun, pendant quelques jours, quatre doigts de jus d'Armoise dans un verre.

Faites bouillir une bonne poignée de Matricaire dans un pot de terre vernissé tenant deux pintes d'eau ; faites réduire aux deux tiers ; donnez un bon verre tiède de cette décoction trois ou quatre matins de suite à jeun, vers le temps à peu près que les règles doivent venir.

Soumettez la femme à une fumigation d'Aloës, d'Armoise ou de Souci, jetés dans un réchaud plein de feu ; les vapeurs seront reçues par les parties sexuelles.

Il est inutile d'observer que les Règles ne doivent être provoquées qu'autant que rien de naturel, qu'une grossesse présumée ou douteuse, par exemple, ne s'oppose à leur apparition habituelle. Non-seulement il y aurait faute, dans ce dernier cas, à donner des emménagogues, mais encore il y aurait crime, et crime sévèrement puni par les lois. La femme ou la fille qui ne reculerait pas devant l'emploi de médicaments pris dans le cas de grossesse commençante courrait elle-même les plus graves dangers pour sa santé. On a vu des femmes, dont les douleurs utérines étaient tellement violentes après l'injection dans l'estomac de substances propres à rappeler les Règles, ou bien après toute autre manœuvre également criminelle, accuser hautement, dans les angoisses qu'elles ressentaient, les malheureux qui avaient cédé à leurs larmes et à leurs prières, et livrer ainsi aux tribunaux les complices de leur infanticide. Que ceux-là donc qui seraient assez malheureux pour essayer de provoquer les Règles quand même, n'oublient pas que le plus ordinairement ils trouvent des dénonciatrices dans celles qui d'abord leur avaient promis reconnaissance et discrétion. Mais revenons aux soins et aux conseils que nous devons aux femmes, avant et pendant leurs Règles.

Avant les Règles, la femme doit éviter tout refroidissement subit, toute agitation violente et passionnée, tout travail trop fatigant ; elle doit aussi se livrer à des promenades peu longues, à un exercice modéré, fuir le chagrin, l'ennui et les contrariétés ; s'abstenir de corsets trop justes, de jarretières trop serrées, etc. Les mêmes précautions seront observées pendant la durée des Règles. A ces précautions, nous ajouterons et nous insisterons sur les suivantes : les émotions, la peur, la surprise, la colère, etc., ayant à toutes les époques de la vie la plus grande influence sur l'état général des femmes, on conçoit facilement combien cette influence sera plus grande encore à l'époque des Règles. On s'abstiendra donc constamment, envers les femmes, de ces amusements où la malice, la plaisanterie remplacent trop souvent la raison et la prudence ; on évitera tous les faits, actes et gestes qui peuvent donner lieu à la frayeur ou à la surprise ; on évitera surtout ces jeux si communs dans les campagnes où, pour faire rire les autres, on se jette réciproquement des verres d'eau froide à la figure, où l'on se pousse brusquement dans un trou ou un ruisseau plein d'eau, etc.

Pendant les Règles, les femmes éviteront d'être mouillées par la pluie ; cela n'ayant pu être fait, elles se hâteront de changer promptement de linge et d'en mettre d'autre sur le corps, après l'avoir préalablement chauffé. Des exemples nombreux, journaliers, démontrent l'inutilité de ces précautions, et observer ces dernières serait au moins ridicule, pour ne pas dire impossible, dans les campagnes surtout. A cela nous ne répondrons qu'une chose, c'est que toutes les femmes qui ont payé de leur santé et de leur vie la négligence des conseils que nous venons d'indiquer, n'ont pu dire aux incrédules tous les regrets qu'elles avaient éprouvés d'avoir si follement enfreint les lois de l'hygiène et de la raison.

[pp. 215-217]



The Three Graces - Hans Baldung Grien, 1539>


§ IV. Menstruation, ou établissement des Règles chez les jeunes Filles

Il est des jeunes filles, et c'est le plus grand nombre heureusement, chez lesquelles la menstruation se fait sans la moindre altération de la santé ; il en est d'autres, au contraire, chez lesquelles cette fonction sexuelle ne se fait pas sans beaucoup de difficultés, sans beaucoup d'inquiétude pour les parents : nous allons parler pour celles-là.

Une jeune fille qui arrive à l'époque des Règles doit avoir des habitudes peu sédentaires, un travail peu fatigant, un exercice fréquent et plutôt actif que modéré. Ses parents, ou les personnes qui l'entourent, doivent lui procurer tous les plaisirs, toute la distraction, tous tes jeux de son âge et de son sexe. Ses habillements seront peu serrés, plutôt un peu chauds que trop légers ; son corps sera libre dans ses mouvements ; sa poitrine, non comprimée dans un corset, prendra tous les développements nécessaires à la respiration et à la circulation. Les aliments seront de facile digestion, pris souvent et en petite quantité à la fois. Son coucher sera plutôt dur que trop moelleux. Telles sont les principales conditions à remplir pour faciliter la première apparition des Règles.

Toutes ces règles d'une hygiène et d'une éducation bien entendues sont-elles sans résultat ? Il faut alors recourir aux Bains de siège, aux Bains de pieds très chauds ou sinapisés, aux infusions légères d'Armoise, d'Absinthe ou de Safran, et, enfin, à une, deux, trois Sangsues au plus, appliquées une ou deux fois par semaine sur les grandes lèvres.

La difficulté des Règles tient-elle à des affections de l'âme, à des passions, à des chagrins, de l'ennui, de la mélancolie ? L'amitié des parents, le dévouement des amis, doivent dans ces cas être les seuls médecins. On évitera donc tout ce qui peut entretenir les causes de tristesse et de mélancolie ; on fera faire quelques voyages, on imaginera des occupations actives, gaies et très variées, on conseillera les travaux de jardinage, de basse-cour, etc.

La Menstruation ne se fait-elle pas parce que la constitution générale du sujet est trop faible, trop molle, comme on le dit vulgairement ? On conseille l'usage des boissons et des préparations ferrugineuses, telles que l'Eau ferrée, les Pilules de Carbonate de fer, les Eaux minérales ferrugineuses, etc. Enfin, la Menstruation est-elle empêchée par un état pléthorique, une force qui n'est point en rapport avec l'âge ? Une Saignée ou deux du bras ou du pied suffisent quelques fois pour déterminer l'écoulement des Règles.

[pp. 217-219]



The Three Ages of Man and Death - Hans Baldung Grien, 1539


§ VII. Cessation des Règles. — Temps critique

La Cessation des Règles chez les femmes, ce que ces dernières appellent leur temps critique, leur retour d'âge, est souvent le signal et la cause d'un changement lent, mais profond et fâcheux, qui va s'opérer dans l'état ordinaire de leur santé. C'est à cette époque de la vie que tous les agréments extérieurs du corps disparaissent, que les traits de la figure s'altèrent, que la vie se désillusionne, et que la réalité apparaît dans ce tout ce qu'elle a de plus affreux, de plus triste pour la femme, qui n'a pas assez de force d'âme pour se résigner à oublier le monde et le passé, et à ne s'occuper désormais que du soin des quelques années qu'elle a encore à vivre, années dont le nombre sera subordonné au régime, à l'hygiène et aux précautions auxquels elle se soumettra.

Arrivée à cette époque de la vie, où les Règles sont rares ou très fréquentes, plutôt plus que peu abondantes, plutôt irrégulières que régulières ; où le sang qui s'écoule est plus pâle, moins vermeil, plus odorant que d'habitude, où tout enfin annonce que la menstruation va diminuer ou disparaître complètement, la femme doit se condamner au régime et aux soins suivants :

Alimentation douce, quoique plutôt fortifiante que débilitante, à moins qu'il n'y ait disposition à la pléthore ; exercice plutôt actif que trop peu modéré ; promenades, lectures, distractions agréables, saignées du bras quand il y a des douleurs et des pesanteurs de tête, des étourdissements, des bourdonnements d'oreilles ; sangsues à la partie interne et supérieure des cuisses, quand le sang se porte trop en abondance vers l'utérus, qu'il y a de la pesanteur dans les reins, les cuisses, le bas-ventre, etc. Toutefois cette émission sanguine ne sera pratiquée qu'autant qu'il y aura urgence, car il vaut mieux tirer du sang loin des parties sexuelles que trop près de ces parties.

Les lavements purgatifs seront donnés de temps en temps, pour éviter la constipation. On s'abstiendra des fatigues du cheval et de la voiture ; de tout plaisir secret, et autant que possible du devoir conjugal.

Beaucoup de femmes sont usage, dans leur temps critique, de l'Élixir dit de Longue vie, de celui dit Américain ; mais ces préparations alcooliques, amères et toniques, sont plus souvent nuisibles qu'utiles, et cela en irritant fortement la membrane muqueuse gastro-intestinale. Il est donc plus sage, généralement parlant, de s'en abstenir ; nous disons généralement, car il est des cas où quelques femmes en ont pris avec avantage à la dose d'un petit verre tous les matins à jeun. C'est à leur medecin ordinaire, à leur sage-femme, ou à leur accoucheur, de décider de l'usage de l'un de ces deux médcaments.

[pp. 220-222]


Extraits de : La médecine, la chirurgie et la pharmacie des pauvres / Philippe Hecquet (1661-1737) : auteur présumé du texte. - G. Baillière, 1839.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

"effrayant" et le 1er mot qui m'est venu ... mais je crois qu'il n'est pas assez fort !!!

Anonyme a dit…

Et ben dis donc, ça fait longtemps que j'avais pas retrouvé le chemin des aiguilles !!! Et qu'est ce que je découvre ?... tu fais de l'exercice illégale de la pharmacie !!! ça alors ! En plus on se demande si c'est pas poison tout ça. lol lol lol
En tout cas ce que je retiens de cette nouvelle rubrique, c'est que j'ai de la chance d'être un garçon, (enfin j'espère), parce que, si on enfreint la règle des règles, ... attention.
Biiiiiiiiizzzzzzzzz à toi Petit Chap'
signé le grand méchant loup (alias Emil A ...)

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