jeudi 29 mai 2008

Quelle mémoire pour demain ?

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Le 21ème siècle sera numérique, oui mais ...

La mémoire de l'humanité est - majoritairement - conservée dans les bibliothèques et les musées. Elle est composée de documents ayant résisté au temps, à la dégradation naturelle, aux intempéries, aux incendies (volontaires ou non), aux accidents de toute sorte. Ainsi, les réserves des musées et des bibliothèques regorgent de trésors qui nous sont d'autant plus précieux qu'ils ont traversé le temps, bravant tout ce qui aurait pu les détruire. Tous ces documents participent à la mémoire de l'humanité, même s'ils n'ont pas tous une grande valeur dans le sens où ils ne nous apportent pas tous des éléments susceptibles de nous éclairer sur une période donnée de l'Histoire. Ils font partie de notre mémoire parce qu'ils ont survécus, et qu'ils sont parvenus jusqu'à nous.

Jusqu'à récemment, il n'y avait pas de questions à se poser quant à la conservation de tel ou tel autre document ; on conservait, c'est tout. Pour n'évoquer que les imprimés (partie que je connais le mieux), un dépôt est obligatoire. De ce fait, ils sont tous archivés de façon systématique. D'une façon générale, c'est la Bibliothèque nationale de France qui reçoit le dépôt légal.

Voilà maintenant le problème : les avancées technologiques, le multimédia, Internet et tout le toutim... Tout ça est formidable, il n'y a aucun doute. Mais le paysage éditorial traditionnel, pour ne parler que de ça, s'en trouve totalement bouleversé. Les textes "édités" seulement sur Internet fleurissent de toute part, les sites traitant de l'actualité sans version "papier" sont de plus en plus nombreux. Et que dire des blogs...? Tous ces documents, actuellement, échappent au dépôt légal... Et pourtant, le contenu du site Rue89 mérite certainement tout autant d'être conservé que la version "papier" du petit journal local...

Le numérique est formidable dans le sens où il permet de tout garder, d'une façon ou d'une autre. Seulement, matériellement, on ne peut pas tout garder. Internet est vaste, il est impossible de tout archiver, d'abord au vu du nombre, ensuite et surtout parce qu'il est impossible de tout recenser. Il semble que la BNF soit en train de réfléchir à tout ça : recenser et archiver certains sites... et certains blogs. La vraie question arrive alors : comment choisir, et sur quels critères de sélection se baser ? Et puis qui va choisir ? Les choix de telle personne ne seront pas les choix de telle autre... Et que dire de la fiabilité des sources ? Voici encore un autre problème... sur lequel je reviendrai très certainement.

Il est évident qu'il faut penser à un système qui archiverait toutes ces productions, mais il ne faut pas perdre de vue que ce qui est archivé aujourd'hui sera la mémoire de demain... d'où la question : quelle mémoire pour demain ? Jusqu'à présent, cette question n'avait jamais eu lieu d'être... C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité que l'on est confronté à ce problème.

Ce sujet me passionne... et il est bien probable que j'y revienne de temps en temps.

[Ce début de réflexion est né après avoir vu l'émission Bibliothèque Médicis sur LCP/Public Sénat. Le sujet de l'émission était "Le 21ème siècle numérique". En revanche, je ne me souviens pas de la date de diffusion... ce devait être la semaine dernière...]


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dimanche 25 mai 2008

Nettoyer, balayer, astiquer ...

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En feuilletant un livre sur les contes et légendes de France, je suis tombée sur celui-ci, un conte Picard ... Je vous laisse le soin de le découvrir, personnellement, il m'a fait bondir ...




Pourquoi la femme fait le ménage

Auparavant, dans le bon vieux temps, et soyez certains qu'il y a bien longtemps que ce bon vieux temps est passé, l'homme n'était pas plus que le femme ; ils faisaient alternativement les travaux du ménage et les hommes ne songeaient pas trop à s'en plaindre : c'était la coutume.

En ce moment, il y avait à Warloy un cordonnier nommé Jean qui aimait plus sa bouteille que son tire-pied. Sa femme Marianne ne le voyait pas d'un bon oeil passer une bonne partie de sa journée dans les cabarets du village. Un jour où le cordonnier était de "ménage", comme celui-ci oubliait l'ouvrage en buvant au café voisin quelques chopes de bière avec ses amis, sa femme alla l'y trouver, lui fit des reproches sur sa paresse, son inconduite et finalement se prit de querelle avec lui.
- Eh bien ! dit Marianne, puisqu'il en est ainsi, je ne te parlerai plus.
- Tu ne me parleras plus, dit-il ? Soit, je te prends au mot. Mettons un dédit. Tu es toujours à m'ennuyer avec ton ménage : celui de nous deux qui le premier parlera à l'autre fera le ménage, rincera la vaisselle, balayera la maison, préparera la soupe et la bouillie, blanchira le linge, enfin fera tous les travaux que l'on a coutume de se partager dans le ménage.
- C'est entendu ! C'est entendu ! Ivrogne de malheur !
Et la femme s'en alla.





Pendant quinze jours, il ne fut échangé aucune parole entre les deux époux ; ce n'est pas que Marianne put aisément se passer de parler, surtout à son mari, qu'elle aimait beaucoup malgré les petites querelles d'intérieur, mais il lui aurait fallu faire le ménage et c'était ce à quoi elle ne tenait en aucune façon.

Au bout de ce temps, un voyageur passant par Warloy eut besoin d'une paire de bottes ; il demanda la demeure du cordonnier et vint chez celui-ci. La porte de la maison était ouverte, il entra, alla droit à Jean, se découvrit et salua d'un beau :
- Bonjour, monsieur le cordonnier !
Jean, sans répondre, se mit à siffler l'air de Au clair de la lune, mon ami Pierrot ...
- Voilà un homme mal appris, se dit l'étranger. Qu'importe ! Monsieur le cordonnier, j'aurais besoin pour demain d'une belle paire de bottes ; je ne vous marchanderai pas le prix ; pouvez-vous me la faire ?
- Psst ...
Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot,
Prête-moi ta plume
Pour écrire un mot ...
continua de siffler maître Jean le cordonnier.
- Vous n'entendez donc pas ?
Et le cordonnier se remit à siffler de plus belle.
- Cet homme est fou, pensa le voyageur. Voyons si je pourrai tirer quelque chose de sa femme.





Et il s'avança vers la femme qui, assise à son rouet, filait tranquillement en chantant :
Passez la navette,
Le bon temps viendra.
- Ma bonne dame, qu'a donc votre mari ? Je viens de lui parler et, comme un grand nigaud, il me siffle au nez sans se donner la peine de répondre.
Marianne fit un beau salut au "monsieur" et repris son rouet et sa chanson :
Passez la navette,
Le bon temps viendra.
- Mais, madame ...
Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il tonne !
Restons aillou (où) qu'ou (nous) sommes.
Passons la navette,
Le bon temps viendra.
- Je suis donc chez des fous ? Dites donc la femme ? dit le voyageur qui s'impatientait beaucoup.
- Passez la navette ... avait recommencé la femme pour toute réponse.
- Attendez donc ; je vais vous la passer, la navette ! Si vous croyez vous moquer ainsi d'un étranger.





En prenant son bâton, il se mit en devoir d'en frapper la femme à coups redoublés, pendant que le joyeux cordonnier, maître Jean, reprenait gaiement :
Passez la navette,
Le bon temps viendra.
Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il tonne !
Restons aillou qu'ou sommes.
Ceci exaspéra Marianne qui, oubliant la convention, ne put s'empêcher de s'écrier :
- Oh ! le misérable. Tu ne viendras donc pas à mon secours !
- Femme, à dater de ce jour, tu feras le ménage, rinceras la vaisselle, balayeras la maison, prépareras la soupe et la bouillie, blanchiras le linge, écumeras le pot au feu et feras tous les travaux que l'on avait coutume de se partager dans le ménage.
Marianne dut en passer par là ; Jean raconta l'aventure à ses voisins et, chacun dans sa maison, laissa les travaux du ménage à la femme. La coutume était bonne, on la conserva. Mais une nuit ... Le coq chanta, il était jour, et mon conte est fini.


Tiré de :
Contes et légendes de France
textes réunis par Galina Kabakova
Flies France, 1998 (Aux origines du monde)
[pp. 148-151]


"C'est pas pour ça que vous faites le ménage ... C'est pour avoir l'impression d'être indispensable à la maison ..." Le bucheron


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vendredi 23 mai 2008

Le livre qui voyage


La liseuse - Claude Monet - 1872



Image par Madaule


Lire un bon livre assise dans l'herbe, s'évader au fil des pages, s'inventer une histoire, une autre vie ... rêver, voyager, rire et pleurer ...

Et quoi de plus chouette que de partager un livre qu'on a aimé ...? Le conseiller à un ami, le prêter, l'offrir ... Oui ... mais pourquoi pas le faire voyager ?! Le laisser là, sur un banc, au pied d'un arbre ou dans un bus, et ainsi l'offrir à un inconnu ... qui l'aimera ou pas ... mais qui aura la possibilité de le découvrir ....

Voilà donc le concept du bookcrossing ... Vous voulez "libérer" un livre, vous l'enregistrez sur le site Internet. On lui donne alors un numéro d'identification. Vous équipez le livre d'une étiquette expliquant le principe du jeu, vous y reportez dessus le numéro d'identification de votre livre. Vous indiquez le lieu dans lequel vous déposez le livre, vous pouvez laisser un petit mot sur le bouquin ou sur le lieu choisi pour la libération ... et vous attendez .... Quelqu'un trouve le livre, le lit - ou pas - et le remet en circulation. Vous pouvez donc suivre le voyage de votre bouquin via le site Internet ...

Il existe un bookcrossing parallèle : le Passe-Livre. J'ai choisi de jouer au Passe-Livre plutôt qu'au bookcrossing pour deux raisons : le site est en français, et c'est moins grand ... donc plus convivial. Le papa du Passe-Livre est un libraire italien qui a également une librairie à Paris, dans le IVe arrondissement. Le principe est ensuite le même, exactement. Une fois que vous avez libéré votre premier livre, vous entrez dans le cercle invisible des lecteurs ... waouh, trop la classe !!

Bon, il faut miser sur le fait que la personne qui trouve le livre ait envie de participer, ce qui n'est pas gagné ... Mais qu'importe, l'idée est belle ! Entre 20 et 20% des livres sont remis dans le circuit ... c'est pas mal. Et puis j'aime à penser que les gens qui n'ont pas joué le jeu ont peut être découvert un livre ...

Je me dis que cette initiative peut ramener des gens vers la lecture, prouver que la lecture peut aussi être amusante, qu'elle n'est pas qu'une activité de "cultureux" ... Le nec plus ultra est de définir le lieu de libération en fonction du thème du livre : La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm dans un bar, L'affaire Raphaël de Ian Pears dans un musée ...

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mardi 20 mai 2008

Mercy ...

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Duffy (de son petit nom "Aimee Anne") est une jeune chanteuse galloise de 23 ans ... Son titre Mercy tourne en boucle sur les ondes depuis quelques temps déjà. J'ai découvert son album Rockferry ce matin, et franchement, ben ... j'aime bien. Je dirais que c'est un mélange soul/pop-rock ... Je sais pas trop, en fait ... Ce que je sais, c'est que mes petites oreilles ont bien aimé.

> Vous pouvez écouter l'album sur deezer.

> Son site officiel est .


free music




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dimanche 18 mai 2008

La bonne enquête du dimanche ...

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Travail de Joey Guidone


Une tragédie s'est jouée cette nuit ... et pas n'importe quelle tragédie : une d'importance. Mon ami M.Ogre s'est rendu compte que certains de ses articles avaient tout simplement disparus de son blog. Il n'en reste plus que le titre et les commentaires ... Il n'y a plus aucune trace ni des textes, ni des images, ni des vidéos ...

Attendez que je vous explique : l'Ogre est méticuleux, il travaille bien ses articles, il essaie toujours de faire le tour de ses sujets - même si l'on n'arrive pas toujours à le suivre ...! C'est dans cette optique qu'il a régulièrement complété ses articles par des vidéos insérées via Youtube. Et c'est là que le bat blesse ...

Plusieurs posts, contenant une ou plusieurs vidéos Youtube, se sont vidés de leur contenu : plus de vidéo, mais également plus de texte et plus d'image. Ne restent donc que le titre et les commentaires. Il avait notamment fait, en janvier, un super article sur les indiens intitulé J'irai comme un cheval fou ..., article qui contenait un extrait du film Little Big Man. Je vous laisse le soin de vérifier la tragédie : l'article est vide. S'il vous faut d'autres exemples, vous pouvez aller voir l'article Strange fruit ..., ou encore tous les articles des 13 et 18 février ...

Comment est-ce possible ? Je veux bien admettre que des vidéos de Youtube soient supprimées et qu'ainsi elles disparaissent de nos blogs ; je veux bien imaginer que certains fichiers soient chrono-destructibles et qu'ils deviennent donc inexploitables au bout d'un temps donné ... Mais ici, en l'occurrence, le problème est autre. Comment un article peut-il se vider entièrement de son contenu ? Il y a forcément un lien avec les vidéos puisque seuls les articles en contenant au moins une ont été touchés ; il y a aussi forcément forcément un lien avec les dates, vu que des articles plus récents contenant des vidéos sont encore bien visibles. Du coup, comment savoir à quel moment les articles vont disparaitre ...? Et que faire pour éviter ces pertes ?

J'ai tourné le problème dans tous les sens. Les articles vides sont bien évidemment perdus, l'Ogre n'ayant pas paramétré l'envoi automatique de ses articles dès publication dans une boite mail. Mais comment "sauver" les autres, ceux qui sont menacés de disparition à cause de leur contenu ? J'ai tenté plusieurs choses, notamment de modifier un peu l'article ou d'en changer la date ou l'heure, espérant ainsi un nouvel envoi dans la boite mail de "sauvegarde" : ça ne marche pas. La seule solution que je vois est de sauver le code html de la page sur un doc externe pour espérer ensuite de coller dans l'article qui se sera vidé ...

Je ne vous cache pas que si vous avez quelque idée que ce soit sur le pourquoi de ces disparitions ou sur une éventuelle solution de sauvegarde des articles déjà publiés, elle sera la bienvenue ...


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samedi 17 mai 2008

La belle au bois dormant - Suite et fin

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Ce n'étaient que des corps étendus d'hommes & d'animaux qui paraissaient morts.


Le prince, charmé de ces paroles, et plus encore de la manière dont elles étaient dites, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance ; il l'assura qu'il l'aimait plus que lui-même. Ses discours furent mal rangés, ils en plurent davantage : peu d'éloquence, beaucoup d'amour. Il était plus embarrassé qu'elle, et l'on ne doit pas s'en étonner ; elle avait eu le temps de songer à ce qu'elle aurait à lui dire, car il y a apparence (l'Histoire n'en dit pourtant rien) que la bonne fée, pendant un si long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes agréables. Enfin il y avait quatre heures qu'ils se parlaient, et ils ne s'étaient pas encore dit la moitié des choses qu'ils avaient à se dire.

Cependant tout le Palais s'était réveillé avec la princesse ; chacun songeait à faire sa charge, et comme ils n'étaient pas tous amoureux, ils mouraient de faim ; la Dame d'honneur, pressée comme les autres, s'impatienta, et dit tout haut à la Princesse que la viande était servie.


Le Prince aida la Princesse à se lever ; elle était tout habillée et fort magnifiquement ; mais il se garda bien de lui dire qu'elle était habillée comme ma grand-mère, et qu'elle avait un collet monté : elle n'en était pas moins belle.



Il entre dans la salle des gardes.


Ils passèrent dans un Salon de miroirs, et y soupèrent, servis par les Officiers de la Princesse ; les Violons et les Hautbois jouèrent de vieilles pièces, mais excellentes, quoiqu'il y eût près de cent ans qu'on ne les jouât plus; et après souper, sans perdre de temps, le grand Aumônier les maria dans la Chapelle du Château, et la Dame d'honneur leur tira le rideau : ils dormirent peu, la Princesse n'en avait pas grand besoin, et le Prince la quitta dès le matin pour retourner à la Ville, où son Père devait être en peine de lui.

Le Prince lui dit qu'en chassant il s'était perdu dans la forêt, et qu'il avait couché dans la hutte d'un Charbonnier, qui lui avait fait manger du pain noir et du fromage. Le Roi son père, qui était bon homme, le crut, mais sa Mère n'en fut pas bien persuadée, et voyant qu'il allait presque tous les jours à la chasse, et qu'il avait toujours une raison pour s'excuser, quand il avait couché deux ou trois nuits dehors, elle ne douta plus qu'il n'eût quelque amourette : car il vécut avec la princesse plus de deux ans entiers, et en eut deux enfants, dont le premier, qui fut une fille, fut nommée l'Aurore, et le second un fils, qu'on nomma le Jour, parce qu'il paraissait encore plus beau que sa soeur.

La Reine dit plusieurs fois à son fils, pour le faire s'expliquer, qu'il fallait se contenter dans la vie, mais il n'osa jamais lui confier son secret ; il la craignait quoiqu'il l'aimât, car elle était de race Ogresse, et le roi ne l'avait épousée qu'à cause de ses grands biens ; on disait même tout bas à la Cour qu'elle avait les inclinations des Ogres, et qu'en voyant passer de petits enfants, elle avait toutes les peines du monde à se retenir de se jeter sur eux ; ainsi le Prince ne voulut jamais rien dire.



Il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés.


Mais quand le Roi fut mort, ce qui arriva au bout de deux ans, et qu'il se vit le maître, il déclara publiquement son Mariage, et alla en grande cérémonie chercher la Reine sa femme dans son Château.

On lui fit une entrée magnifique dans la Ville Capitale, où elle entra au milieu de ses deux enfants. Quelque temps après, le Roi alla faire la guerre à l'Empereur Cantalabutte son voisin. Il laissa la Régence du Royaume à la Reine sa mère, et lui recommanda vivement sa femme et ses enfants : il devait être à la guerre tout l'Eté, et dès qu'il fut parti, la Reine-Mère envoya sa Bru et ses enfants à une maison de campagne dans les bois, pour pouvoir plus aisément assouvir son horrible envie.

Elle y alla quelques jours après, et dit un soir à son Maître d'Hôtel :

"Je veux manger demain à mon dîner la petite Aurore.

- Ah ! Madame, dit le Maître d'Hôtel.

Je le veux, dit la Reine (et elle le dit d'un ton d'Ogresse qui a envie de manger de la chair fraîche), et je veux la manger à la Sauce-robert."

Ce pauvre homme, voyant bien qu'il ne fallait pas se jouer d'une Ogresse, prit son grand couteau, et monta à la chambre de la petite Aurore : elle avait alors quatre ans, et vint en sautant et en riant se jeter à son cou, et lui demander du bonbon.

Il se mit à pleurer, le couteau lui tomba des mains, et il alla dans la basse-cour couper la gorge à un petit agneau, et lui fit une si bonne sauce que sa Maîtresse l'assura qu'elle n'avait jamais rien mangé de si bon. Il avait emporté en même temps la petite Aurore, et l'avait donnée à sa femme pour la cacher dans le logement qu'elle avait au fond de la basse-cour.

Huit jours après, la méchante Reine dit à son Maître d'Hôtel :

"Je veux manger à mon souper le petit Jour."

Il ne répliqua pas, résolu de la tromper comme l'autre fois ; il alla chercher le petit Jour, et le trouva avec un petit fleuret à la main, dont il faisait des armes avec un gros Singe : il n'avait pourtant que trois ans. Il le porta à sa femme qui le cacha avec la petite Aurore, et donna à la place du petit Jour un petit chevreau fort tendre, que l'Ogresse trouva admirablement bon.

Cela avait fort bien été jusque-là, mais un soir cette méchante Reine dit au Maître d'Hôtel : "Je veux manger la Reine à la même sauce que ses enfants." Ce fut alors que le pauvre maître d'hôtel désespéra de pouvoir encore la tromper. La jeune Reine avait vingt ans passés, sans compter les cent ans qu'elle avait dormi : sa peau était un peu dure, quoique belle et blanche ; et le moyen de trouver dans la Ménagerie une bête aussi dure que cela ?

Il prit la résolution, pour sauver sa vie, de couper la gorge à la reine, et monta dans sa chambre, dans l'intention de n'en pas faire à deux fois ; il s'excitait à la fureur, et entra le poignard à la main dans la chambre de la jeune reine. Il ne voulut pourtant point la surprendre, et il lui dit avec beaucoup de respect l'ordre qu'il avait reçu de la Reine-Mère.

"Faites votre devoir, lui dit-elle, en lui tendant le cou ; exécutez l'ordre qu'on vous a donné ; j'irai revoir mes enfants, mes pauvres enfants que j'ai tant aimés" ; car elle les croyait morts depuis qu'on les avait enlevés sans rien lui dire.

"Non, non, Madame, lui répondit le pauvre maître d'hôtel tout attendri, vous ne mourrez point, et vous pourrez revoir vos chers enfants, mais ce sera chez moi où je les ai cachés, et je tromperai encore la Reine, en lui faisant manger une jeune biche en votre place."

Il la mena aussitôt à sa chambre, où la laissant embrasser ses enfants et pleurer avec eux, il alla accommoder une biche, que la Reine mangea à son souper, avec le même appétit que si c'eût été la jeune Reine. Elle était bien contente de sa cruauté, et elle se préparait à dire au Roi, à son retour, que les loups enragés avaient mangé la Reine sa femme et ses deux enfants.

Un soir qu'elle rôdait comme d'habitude dans les cours et basses-cours du Château pour y humer quelque viande fraîche, elle entendit dans une salle basse le petit Jour qui pleurait, parce que la Reine sa mère le voulait faire fouetter, parce qu'il avait été méchant, et elle entendit aussi la petite Aurore qui demandait pardon pour son frère.

L'Ogresse reconnut la voix de la Reine et de ses enfants, et furieuse d'avoir été trompée, elle commande dès le lendemain au matin, avec une voix épouvantable, qui faisait trembler tout le monde, qu'on apportât au milieu de la cour une grande cuve, qu'elle fit remplir de crapauds, de vipères, de couleuvres et de serpents, pour y faire jeter la Reine et ses enfants, le Maître d'Hôtel, sa femme et sa servante : elle avait donné ordre de les amener les mains liées derrière le dos.

Ils étaient là, et les bourreaux se préparaient à les jeter dans la cuve, Lorsque le Roi, qu'on n'attendait pas si tôt, entra dans la cour à cheval ; il était venu en poste, et demanda tout étonné ce que voulait dire cet horrible spectacle; personne n'osait l'en instruire, quand l'Ogresse, enragée de voir ce qu'elle voyait, se jeta elle-même la tête la première dans la cuve, et fut dévorée en un instant par les vilaines bêtes qu'elle y avait fait mettre.

Le Roi ne put s'empêcher d'en être fâché, car elle était sa mère ; mais il s'en consola bientôt avec sa belle femme et ses enfants.


Moralité :

Attendre quelque temps pour avoir un Epoux,
Riche, bien fait, galant et doux,
La chose est assez naturelle,
Mais l'attendre cent ans, et toujours en dormant,
On ne trouve plus de femelle,
Qui dormit si tranquillement.
La Fable semble encor vouloir nous faire entendre
Que souvent de l'Hymen les agréables noeuds,
Pour être différés, n'en sont pas moins heureux,
Et qu'on ne perd rien pour attendre;
Mais le sexe avec tant d'ardeur,
Aspire à la foi conjugale,
Que je n'ai pas la force ni le coeur,
De lui prêcher cette morale.


Charles Perrault, 1697
Illustrations de Gustave Doré


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vendredi 16 mai 2008

La belle au bois dormant

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Personnellement, concernant La belle au bois dormant, je m'étais arrêtée au gentil prince qui vient bécoter la princesse, elle se réveille, ils s'aiment, se marient, font plein de gosses et sont heureux jusqu'à la fin de leurs jours ... Et puis j'ai lu la version de Perrault ...

La belle au bois dormant
Charles Perrault, 1697
Illustrations de Gustave Doré


Cette bonne femme n'avait point ouï parler des
défenses que le roi avait faites de filer au fuseau.


Il était une fois un Roi et une Reine qui étaient si fâchés de n'avoir point d'enfants, si fâchés qu'on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes les eaux du monde, voeux, pèlerinages, menues dévotions ; tout fut mis en œuvre, et rien n'y faisait.

Enfin pourtant la Reine devint grosse, et accoucha d'une fille : on fit un beau Baptême; on donna pour Marraines à la petite Princesse toutes les Fées qu'on pût trouver dans le Pays (il s'en trouva sept), afin que chacune d'elles lui faisant un don, comme c'était la coutume des Fées en ce temps-là, la Princesse eût par ce moyen toutes les perfections imaginables.

Après les cérémonies du Baptême toute la compagnie revint au Palais du Roi, où il y avait un grand festin pour les Fées. On mit devant chacune d'elles un couvert magnifique, avec un étui d'or massif, où il y avait une cuiller, une fourchette, et un couteau de fin or, garni de diamants et de rubis. Mais comme chacun prenait sa place à table. On vit entrer une vieille Fée qu'on n'avait point priée parce qu'il y avait plus de cinquante ans qu'elle n'était sortie d'une Tour et qu'on la croyait morte, ou enchantée.

Le Roi lui fit donner un couvert, mais il n'y eut pas moyen de lui donner un étui d'or massif, comme aux autres, parce que l'on n'en avait fait faire que sept pour les sept Fées. La vieille crut qu'on la méprisait, et grommela quelques menaces entre ses dents.

Une des jeunes Fées qui se trouva auprès d'elle l'entendit, et jugeant qu'elle pourrait donner quelque fâcheux don à la petite Princesse, alla, dès qu'on fut sorti de table, se cacher derrière la tapisserie, afin de parler la dernière, et de pouvoir réparer autant qu'il lui serait possible le mal que la vieille aurait fait.

Cependant les Fées commencèrent à faire leurs dons à la Princesse. La plus jeune lui donna pour don qu'elle serait la plus belle du monde, celle d'après qu'elle aurait de l'esprit comme un Ange, la troisième qu'elle aurait une grâce admirable à tout ce qu'elle ferait, la quatrième qu'elle danserait parfaitement bien, la cinquième qu'elle chanterait comme un Rossignol, et la sixième qu'elle jouerait de toutes sortes d'instruments à la perfection.

Le rang de la vieille Fée étant venu, elle dit en branlant la tête, encore plus de dépit que de vieillesse, que la princesse se percerait la main d'un fuseau, et qu'elle en mourrait.

Ce terrible don fit frémir toute la compagnie, et il n'y eut personne qui ne pleurât.

Dans ce moment la jeune Fée sortit de derrière la tapisserie, et dit tout haut ces paroles :

« Rassurez-vous, Roi et Reine, votre fille n'en mourra pas : il est vrai que je n'ai pas assez de puissance pour défaire entièrement ce que mon ancienne a fait. La Princesse se percera la main d'un fuseau ; mais au lieu d'en mourir, elle tombera seulement dans un profond sommeil qui durera cent ans, au bout desquels le fils d'un Roi viendra la réveiller. »

Le Roi, pour tâcher d'éviter le malheur annoncé par la vieille, fit publier aussitôt un Édit, par lequel il défendait à tous de filer au fuseau, ni d'avoir des fuseaux chez soi sous peine de mort.

Au bout de quinze ou seize ans, le Roi et la Reine étant allés à une de leurs Maisons de plaisance, il arriva que la jeune Princesse courant un jour dans le Château, et montant de chambre en chambre, alla jusqu'au haut d'un donjon dans un petit galetas, où une bonne Vieille était seule à filer sa quenouille. Cette bonne femme n'avait point entendu parler des défenses que le Roi avait faites de filer au fuseau.

« Que faites-vous là, ma bonne femme ? dit la Princesse.

- Je file, ma belle enfant, lui répondit la vieille qui ne la connaissait pas.

- Ha ! que cela est joli, reprit la Princesse, comment faites-vous ? Donnez-moi que je voie si j'en ferais bien autant. »

Elle n'eut pas plus tôt pris le fuseau, que comme elle était fort vive, un peu étourdie, et que d'ailleurs l'Arrêt des Fées l'ordonnait ainsi, elle s'en perça la main, et tomba évanouie.

La bonne vieille, bien embarrassée, crie au secours: on vient de tous côtés, on jette de l'eau au visage de la Princesse, on la délace, on lui frappe dans les mains, on lui frotte les tempes avec de l'eau de la Reine de Hongrie; mais rien ne la faisait revenir.

Alors le Roi, qui était monté au bruit, se souvint de la prédiction des fées, et jugeant bien qu'il fallait que cela arrivât, puisque les fées l'avaient dit, fit mettre la Princesse dans le plus bel appartement du Palais, sur un lit en broderie d'or et d'argent. On eût dit d'un Ange, tant elle était belle; car son évanouissement n'avait pas ôté les couleurs vives de son teint: ses joues étaient incarnates, et ses lèvres comme du corail; elle avait seulement les yeux fermés, mais on l'entendait respirer doucement, ce qui montrait bien qu'elle n'était pas morte.

Le Roi ordonna qu'on la laissât dormir, jusqu'à ce que son heure de se réveiller fût venue.

La bonne Fée qui lui avait sauvé la vie, en la condamnant à dormir cent ans, était dans le Royaume de Mataquin, à douze mille lieues de là, lorsque l'accident arriva à la Princesse ; mais elle en fut avertie en un instant par un petit Nain, qui avait des bottes de sept lieues (c'était des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues d'une seule enjambée).

La Fée partit aussitôt, et on la vit au bout d'une heure arriver dans un charriot tout de feu, traîné par des dragons. Le Roi lui alla présenter la main à la descente du charriot. Elle approuva tout ce qu'il avait fait; mais comme elle était grandement prévoyante, elle pensa que quand la Princesse viendrait à se réveiller, elle serait bien embarrassée toute seule dans ce vieux Château.

Voici ce qu'elle fit : elle toucha de sa baguette tout ce qui était dans ce Château (hors le Roi et la Reine), Gouvernantes, Filles d'Honneur, Femmes de Chambre, Gentilshommes, Officiers, Maîtres d'Hôtel, Cuisiniers, Marmitons, Galopins, Gardes, Suisses, Pages, Valets de pied; elle toucha aussi tous les chevaux qui étaient dans les Écuries, avec les Palefreniers, les gros mâtins de basse-cour, et Pouffe, la petite chienne de la Princesse, qui était auprès d'elle sur son lit.

Dès qu'elle les eut touchés, ils s'endormirent tous, pour ne se réveiller qu'en même temps que leur Maîtresse, afin d'être tout prêts à la servir quand elle en aurait besoin : les broches mêmes qui étaient au feu toutes pleines de perdrix et de faisans s'endormirent, et le feu aussi. Tout cela se fit en un moment ; les Fées n'étaient pas longues à leur besogne.

Alors le Roi et la Reine, après avoir embrassé leur chère enfant sans qu'elle s'éveillât, sortirent du Château, et firent publier des défenses à qui que ce soit d'en approcher. Ces défenses n'étaient pas nécessaires, car il crût dans un quart d'heure tout autour du parc une si grande quantité de grands arbres et de petits, de ronces et d'épines entrelacées les unes dans les autres, que bête ni homme n'y aurait pu passer: en sorte qu'on ne voyait plus que le haut des Tours du Château, encore n'était-ce que de bien loin. On ne douta point que la fée n'eût encore fait là un tour de son métier, afin que la princesse, pendant qu'elle dormirait, n'eût rien à craindre des Curieux.


Le fils du roi qui régnait alors demanda ce que c'était que
ces tours qu'il voyait au-dessus d'un grand bois fort épais.



Au bout de cent ans, le Fils du Roi qui régnait alors, et qui était d'une autre famille que la Princesse endormie, étant allé à la chasse de ce côté-là, demanda ce que c'était que ces Tours qu'il voyait au-dessus d'un grand bois fort épais ; chacun lui répondit selon qu'il en avait ouï parler.

Les uns disaient que c'était un vieux Château où il revenait des Esprits ; les autres que tous les Sorciers de la contrée y faisaient leur sabbat. La plus commune opinion était qu'un Ogre y demeurait, et que là il emportait tous les enfants qu'il pouvait attraper, pour pouvoir les manger à son aise, et sans qu'on le pût suivre, ayant seul le pouvoir de se faire un passage au travers du bois.

Le Prince ne savait qu'en croire, lorsqu'un vieux Paysan prit la parole, et lui dit:

"Mon Prince, il y a plus de cinquante ans que j'ai entendu dire de mon père qu'il y avait dans ce Château une Princesse, la plus belle du monde ; qu'elle devait y dormir cent ans, et qu'elle serait réveillée par le fils d'un Roi, à qui elle était réservée."

Le jeune Prince à ce discours se sentit tout de feu ; il crut sans hésiter qu'il mettrait fin à une si belle aventure ; et poussé par l'amour et par la gloire, il résolut de voir sur-le-champ ce qu'il en était.

A peine s'avança-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres, ces ronces et ces épines s'écartèrent d'eux-mêmes pour le laisser passer : il marcha vers le Château qu'il voyait au bout d'une grande avenue où il entra, et ce qui le surprit un peu, il vit que personne de ses gens ne l'avait pu suivre, parce que les arbres s'étaient rapprochés dès qu'il avait été passé.


Il marcha vers le château qu'il voyait au
bout d'une grande avenue où il entra.


Il continua donc son chemin : un Prince jeune et amoureux est toujours vaillant. Il entra dans une grande avant-cour où tout ce qu'il vit d'abord était capable de le glacer de crainte : c'était un silence affreux, l'image de la mort s'y présentait partout, et ce n'était que des corps étendus d'hommes et d'animaux, qui paraissaient morts. Il reconnut pourtant bien au nez bourgeonné et à la face vermeille des Suisses qu'ils n'étaient qu'endormis, et leurs tasses, où il y avait encore quelques gouttes de vin, montraient assez qu'ils s'étaient endormis en buvant.

Il passe une grande cour pavée de marbre, il monte l'escalier, il entre dans la salle des Gardes qui étaient rangés en haie, l'arme sur l'épaule, et ronflants de leur mieux. Il traverse plusieurs chambres pleines de Gentilshommes et de Dames, dormant tous, les uns debout, les autres assis ; il entre dans une chambre toute dorée, et il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus beau spectacle qu'il eût jamais vu : une Princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l'éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin.

Il s'approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux auprès d'elle. Alors comme la fin de l'enchantement était venue, la Princesse s'éveilla ; et le regardant avec des yeux plus tendres qu'une première vue ne semblait le permettre:

« Est-ce vous, mon Prince ? Lui dit-elle, vous vous êtes bien fait attendre. »


[à suivre ...]


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mercredi 14 mai 2008

Pfiouuuuuuuuu ...

Spéciale dédicace à la maman de Jojo ...

Ils ne faisaient pas rire à l'époque, niveau paroles ... Chapeau bas, M. Barbelivien ...!

[Désolée ...]






Je te survivrai

Dans les miroirs chinois
Dans le bleu des photos
Dans le regard d'un chat
Dans les ailes d'un oiseau
Dans la force d'un arbre
Dans la couleur de l'eau
Je te survivrai

Dans l'hiver et le vent
Dans le froid des maisons
Dans les sables mouvants
Où j'écrirai ton nom
Dans la fièvre et le sang
Dans les murs des prisons
Je te survivrai

Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfant
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai

Je te survivrai et tu m'entendras
Je te survivrai quelque part en toi
Je te survivrai au-delà de toi
Je te survivrai

Dans les bruits de la ville
Dans les aéroports
Dans les jours difficiles
Où je t'aimais encore
Dans les nuits anonymes
Où je perdrai mon corps
Je te survivrai

Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfant
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai

Dans les frissons du cœur
Dans les maudites chansons
Dans les cages d'ascenseur
Où ils gardent les bas-fonds
Dans l'angoisse et la peur
Frissonnant d'émotion
Je te survivrai

Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfant
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai

Je te survivrai et tu m'entendras
Je te survivrai quelque part en toi
Je te survivrai au-delà de moi
Je te survivrai

Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfant
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai ...... {ad lib}


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mardi 13 mai 2008

PetitChap bricolo

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... Ce matin, DocLoko m'a fièrement annoncé qu'elle avait créé un favicon pour son blog ... ce qui m'a bien évidemment donné envie de faire la même chose ! Ben oui, je suis une copieuse ...!!

Un favicon est une petite image qui se place à côté de l'adresse internet de votre blog. Elle permet de personnaliser la barre d'adresse avec une image propre à votre blog (ou site Internet). Les blogs Blogger ont par défaut pour favicon un "B" blanc dans un carré orange.

Voici ce que que donnent les adresses de nos deux blogs :





On retrouve ces petites images dans les onglets de navigation :




C'est la classe, non ?! Bon, mon image n'est pas très claire. J'imagine que je la changerai, mais en attendant, il faudra faire avec !

Petite remarque : je ne pense pas que ça fonctionne sous Internet Explorer ... ça fonctionne peut être sous la version 7, mais rien n'est moins sûr ...

Pour celles et ceux qui seraient intéressé(e)s, voici la marche à suivre :
1. Créer la petite image qui vous servira de favicon. Elle doit faire 16x16 pixels (ou 32x32 au maximum, mais je crois que ça ne passe pas sous blogger).
Vous pouvez également aller la générer sur ce site.

2. L'enregistrer : allez la déposer sur Internet, par exemple sur votre compte Picasa.

3. Le code html : il faut indiquer au navigateur la présence d'un favicon. Il faudra donc insérer ce code juste après la balise "head" :




Et clic clac, l'affaire est dans le sac !!


Ah, on me dit dans l'oreillette que ça fonctionne sous IE7, mais que ce navigateur ne reconnaît que le format *.ico, contrairement à FireFox qui reconnaît les formats habituels (*.jpg, *.gif, *.png). Le souci, c'est que vous ne pouvez pas enregistrer ce format sur Picasa ... Il faudra donc se tourner vers un autre hébergeur (genre Google Page).
Bon ... Je viens de le tester sous IE7 ... et ça marche !!


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dimanche 11 mai 2008

Robert Desnos, encore ...

.
Parce que Robert Desnos, ce n'est pas simplement le "Pourquoi pas ?" de la fourmi ...


Le baiser - Alain Gagnon


J'ai tant rêvé de toi


J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère ?

J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.

J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.

J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'à être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.

Robert Desnos, Corps et biens, 1930


Après la guerre, en 1945, un « dernier poème de Desnos » est publié dans la presse française :

J'ai tellement rêvé de toi
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi,
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres,
D'être cent fois plus ombre que l'ombre,
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
Dans ta vie ensoleillée.




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vendredi 9 mai 2008

La nuit


.



La nuit

J'aime la nuit avec passion. Je l'aime comme on aime son pays ou sa maîtresse, d'un amour instinctif, profond, invincible. Je l'aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent. Les alouettes chantent dans le soleil, dans l'air bleu, dans l'air chaud, dans l'air léger des matinées claires. Le hibou fuit dans la nuit, tache noire qui passe à travers l'espace noir, et, réjoui, grisé par la noire immensité, il pousse son cri vibrant et sinistre.

Le jour me fatigue et m'ennuie. Il est brutal et bruyant. Je me lève avec peine, je m'habille avec lassitude, je sors avec regret, et chaque pas, chaque mouvement, chaque geste, chaque parole, chaque pensée me fatigue comme si je soulevais un écrasant fardeau.

Mais quand le soleil baisse, une joie confuse, une joie de tout mon corps m'envahit. Je m'éveille, je m'anime. A mesure que l'ombre grandit, je me sens tout autre, plus jeune, plus fort, plus alerte, plus heureux. Je la regarde s'épaissir, la grande ombre douce tombée du ciel : elle noie la ville, comme une onde insaisissable et impénétrable, elle cache, efface, détruit les couleurs, les formes, étreint les maisons, les êtres, les monuments de son imperceptible toucher.

Alors j'ai envie de crier de plaisir comme les chouettes, de courir sur les toits comme les chats; et un impétueux, un invincible désir d'aimer s'allume dans mes veines.

Je vais, je marche, tantôt dans les faubourgs assombris, tantôt dans les bois voisins de Paris, où j'entends rôder mes soeurs les bêtes et mes frères les braconniers.

Ce qu'on aime avec violence finit toujours par vous tuer. Mais comment expliquer ce qui m'arrive ? Comment même faire comprendre que je puisse le raconter? Je ne sais pas, je ne sais plus, je sais seulement que cela est. -- Voilà.




[Lire la suite]

Guy de MaupassantNouvelle publiée dans La vie populaire, n° 18, 1er mars 1891.


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jeudi 8 mai 2008

... Junkie ...

Addiction n.f. Anglic., rare. :
Comportement répétitif plus ou moins incoercible et nuisible pour la santé
(toxicomanie, alcoolisme, tabagisme,boulimie, anorexie).
Le petit Larousse illustré - 2001
(Mon petit Larousse de 1924 ne connaît même pas le terme, le con ...)



Le café du matin se boit toujours de la même façon chez moi : devant l'écran de l'ordi, consultation des mails, visite des blogs, lecture de quelques journaux, soins et traite d'une vache virtuelle (jusqu'à il y a peu ...) ... C'est comme ça !

Ce matin, comme chaque jour, j'ai allumé le fidèle ordinateur, mon énorme tasse de café à main ... Les yeux mi-clos, je clique machinalement sur le petit renard enroulé du monde pour ouvrir ma première page Internet ... et ô stupeur ! ô douleur extrême ! ... Que vois-je (ou plutôt : que je vois-je pas) ?! Internet était parti ...! Plus de connexion, rien, nada ! J'ai cliqué partout, sauvagement ... restauration de réseau et le tout le reste ... rien à faire ... J'ai redémarré le con d'ordinateur (c'est la méthode dite du "je ne comprends rien à l'informatique, je vais tout éteindre et tout redémarrer et ça ira mieux !") ... on a rebooté cette put*** de FreeBox ... rien, toujours rien ...

Rendez-vous compte ... le bucheron s'est fait pouiller se tête, même s'il n'y était absolument pour rien : "Et pourquoi tu bouges pas, hein ? Tu t'en fous, c'est ça ?! Ouaih, ben évidemment, la télé fonctionne encore, alors bien sûr tu te fous du reste !!" Moi je vous le dit, il a un mérite sans borne, cet homme ... Oui parce que la télé (qui passe par internet, donc) fonctionnait ... Étrange, non ?!

Bref, je vous passe les détails, les cheveux arrachés, les mains mordues, les 150 clopes brûlées, les litres de café engloutis, les FAI insultés et les idées de meurtres ... la connexion est revenue une demi heure plus tard ...

... mieux vaut ne pas être dans le coin quand un PetitChap qui n'a pas bu son café matinal se rend compte que la connexion Internet ne fonctionne pas ... La cyber-addiction, y'a que ça de vrai ...


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mardi 6 mai 2008

Envie d'un vrai baiser ?!



Rodin et son Baiser (détail) : miam !



On rêve tous de baisers langoureux avec son amoureux(euse), de baiser romantique dans les rues de Paris, de baisers sur les bancs publics ... de mélanger sa salive et sa langue avec celles de l'être aimé ... Le baiser est certainement l'acte le plus romantique et le plus sensuel qui soit dans une relation entre deux êtres ...

Et pourtant ... Connaissez-vous les raisons qui nous poussent à embrasser ?! Les vraies raisons qui nous attirent de façon irrépressible vers la bouche de l'être aimé - ou en passe d'être aimé ?!

Trois chercheurs américains, basés dans des universités de l'Etat de New York ont publié une étude dans Evolutionary Psychology sur le baiser. Ils ont essayé de répondre à la question que personne se s'est jamais posé : pourquoi embrasse-t-on ? Il semble qu'ils souhaitaient mieux comprendre l'espèce humaine.


Photo thermique d'un baiser : chaleur ...



Pour ce faire, ils ont interrogé de façon très détaillée plus de mille étudiants de plus de 18 ans, et allez savoir pourquoi, ces cons de chercheurs ont exclut de leur enquête les couples mariés ou avec enfants.

Premier résultat : le baiser est une manière de tester l'état de santé du partenaire, l'haleine et le goût de la bouche étant de puissants révélateurs de troubles, voire de pathologies. De plus, ils ont découvert que les femmes attachent une grande importance à l'état des dents de l'embrasseur ... Je rêve ... Ils me l'auraient demandé, je le leur aurais dit ... pas besoin de faire une étude bien poussée pour se rendre compte qu'on n'a pas forcément envie d'embrasser quelqu'un qui a les dents toutes pourries ... mais bon, passons ...

Le léchouillage de babine, semble-t-il, permet donc d'évaluer l'état de santé de son binôme de baiser ; il permet également de tester l'état hormonal de ce même binôme : la salive transmet de nombreuses et précieuses informations, notamment sur les qualités reproductrices du partenaire, en particulier de la femme.
« D'ailleurs, les hommes préfèrent les baisers plus longs, plus profonds, plus mouillés, qualifiés par les Américains de « French kisses ». Et la raison est en rapport avec ce qui précède : les hommes ont une capacité réceptive inférieure aux femmes, pour des raisons biologiques. Il leur faut plus de temps pour saisir, de manière inconsciente évidemment, l‘'état de fertilité de la partenaire. Ils doivent donc embrasser plus. »
Ben voyons, la bonne excuse : "Ah ben je suis un homme, et biologique parlant, j'ai besoin d'embrasser plus et plus longtemps ...!" ... mouaih ...

Ainsi, les hommes ont besoin d'embrasser afin d'évaluer la fertilité de leur partenaire ; les femmes, en revanche, embrassent pour tester le niveau d'engagement de l'autre. Elles sont 66% à affirmer avoir été attirées par un homme et à avoir réalisé après le premier baiser qu'elles n'en avaient absolument plus envie ...

Les hommes ont une dernière "spécialité" : il semble qu'ils utilisent le baiser comme un réparateur au conflit. Les chercheurs précisent que cette action, principalement initiée par le mâle, « se retrouve également "chez d'autres primates", comme les bonobos et certains chimpanzés » ... On ne fera pas de commentaire ...

Et le plaisir, dans tout ça ...? Hum ...? Ben il semble que le cerveau préfère un carré de chocolat à un baiser ...

... alors, vous avez toujours autant envie de jouer avec la langue du voisin ?!


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lundi 5 mai 2008

Avis de décès

Peu d'entre vous connaissiez l'existence d'UrsulaBuendia, tour à tour vache à lait ou vache à viande ... Je n'ai que très peu de photos d'elle, je n'ai jamais trop pensé à archiver sa belle gueule d'ange ...

Mais attendez que je vous la présente : la première UrsulaBuendia est née le 10 juin 2005, hébergée sur le site www.vacheland.com. Elle a d'abord été une vache à lait, qu'il me fallait donc nourrir et traire au moins une fois par jour. J'étais alors novice dans l'art de l'élevage, ma vache ne pouvait pas encore faire de petits, je n'avais qu'un seul champ pour mes récoltes ... Mais je suis aguerrie, et niveau après niveau, mission après mission, vache à viande après vache à lait (mes vaches ont toutes été nommées UrsulaBuendia), j'ai eu le droit d'avoir des veaux, plusieurs champs, une laiterie et tout et tout ... La classe olympique !!



Les petits étaient super craquants ... Je devais choisir le taureau qui aurait le droit de déposer ses petits graines dans l'utérus de ma petite UrsulaBuendia ; j'ai acheté un magnifique tracteur de luxe, une belle remorque, une grosse moissonneuse ; je gérais à merveille mes champs, les diverses semences et les récoltes ; je vendais régulièrement ma paille et mes fromages ...



De fil en aiguille (oh, on revient toujours à cette coquine de chaperon rouge !), je suis arrivée au dernier niveau du jeu ... je l'ai terminé avec brio, mais faute de niveau supérieur, j'ai dû le recommencer en attendant qu'un niveau 5 arrive ... Voilà donc le début de la fin !!



Bon, le niveau 4 est chouette, hein ... surtout quand on le découvre ... Mais quand on y a passé une petite année dessus, il devient un peu moins alléchant .... UrsulaBuendia me faisait ses sourires quotidiens, les petits me regardaient avec leurs sourires espiègles ... mais je sentais bien que je laissais un peu mes champs à l'abandon, je me rendais bien compte que je n'avais plus l'appétit de fabriquer mes petits fromages ... Quelle tristesse, mes amis ... quelle tristesse ...

Et voilà que depuis quelques jours, je n'ai plus envie d'aller nourrir et d'aller bichonner UrsulaBuendia et sa descendance ... Je culpabilise, hein ... mais je l'ai laissée, abandonnée ... Et ce matin, ma boite mail contenait un message des pompes funèbres de vacheland : UrsulaBuendia s'en est allée ...



Je pense que je vais l'enterrer ... Après 3 ans de vie commune, il est temps pour elle de reposer en paix ...


Oui, je sais, c'est à ce moment-là que tu t'écris :
"Waouh, telle Pénélope Jolicoeur, la vie de PetitChap est tout à fait fascinante !"
... eh oui ...


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dimanche 4 mai 2008

Pourquoi pas ...




La fourmi

Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi parlant français,
Parlant latin et javanais
ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Eh ! Pourquoi pas ?


Robert Desnos



[... hum, voyons ... test ...]

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samedi 3 mai 2008

En mai, fais ce qu'il te plait ...


En voilà un beau dicton ...

En avril ne te découvre pas d'un fil, en mai fais ce qu'il te plaît.

J'imagine aisément qu'il fait référence à une tenue vestimentaire, un truc dans le genre "Tu t'habilles comme tu veux, ma fille, ne crains plus le froid ...". Hum ... Moi je veux bien, mais bon ... si je fais ce que je veux, attention les yeux !!

Vous ne vous êtes jamais demandé qui étaient les cons qui s'étaient fait chier à inventer les dictons ? Moi ça me perturbe quand même ... Imaginez le bonhomme qui s'est levé un matin, et qui s'est dit : "Tiens, où il y a du poisson, il y a de l'eau !", ou "Si le sourd n'a pas entendu le tonnerre, il verra bien la pluie !", ou encore "Pierre qui roule, n'amasse pas mousse" .... Il devait être torturé, le gars .... A mon avis, il n'était pas tout seul dans sa tête ...

Enfin, moi, ce que je retiens de ce petit dicton, c'est le : "En mai, fais ce qu'il te plait !". Et ce dont j'ai envie, là, pour ce modeste article sans queue ni tête, c'est de me faire du bien aux yeux ...



Ca fait du bien aux yeux, hein ... Et puis on est au mois de mai, donc s'il a envie de se dévêtir, le monsieur, on ne va pas lui gâcher son plaisir ...

J'en connais certains qui vont dire que je suis obsédée par le cul ... c'est faux !! La preuve, je ne mets pas que des photos de fesses :



Alors ?! Oui, bon, la photo est un peu mal recollée ... J'imagine que la demoiselle (ou le damoiseau) qui a scanné cette photo n'était pas un as de la retouche d'image .... mais qu'importe ...

Et puisqu'il y a un con, qui un jour, a dit : "Jamais deux sans trois !" (il n'était pas torturé, lui aussi ?!), ben voilà ...


(c'est le bras, hein ... ne vas pas t'imaginer autre chose ...)


Voilà donc un article qui ne sert à rien ... mais j'avais envie, c'est tout ... Et puis le cul, c'est toujours vendeur parait-il ...


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