samedi 31 janvier 2009

Phographies et Anecdotes (1)



Vacances dans ma maison : autoportrait devant la porte de mon bureau (détail), 1979


Jean Dieuzaide (1921-2003), photographe français :
Fils d'une famille modeste issue de la région toulousaine, il débute son art peu avant la Seconde Guerre mondiale. Il gagne sa renommée en captant le Général de Gaulle lors de sa venue pour la Libération de Toulouse. Il prend alors le pseudonyme de Yan et travaillera essentiellement dans le sud-ouest français, en Espagne et au Portugal. Il fait en particulier une série de clichés, restés célèbres, sur Salvador Dali. Il est honoré par le prix Niépce en 1955 et le prix Nadar en 1961.
Il a été le créateur et l'animateur à Toulouse de la Galerie municipale du Château-d'Eau, première galerie permanente de photographie en France, installée dans un ancien château d'eau (1824), au bord de la Garonne et au débouché du Pont-Neuf, qui alimentait en eau les fontaines de Toulouse.
[source : wikipédia]


Dali dans l'eau - Jean Dieuzaide - Port-Llegat, 1953 (BM Lyon)
Dali dans l'eau - Jean Dieuzaide
Port-Llegat, 1953 (BM Lyon)


C'est à l'occasion d'un de ses voyages en Espagne en 1953 que Dieuzaide réalisera l'un de ses portraits les plus connus, celui de Salvador Dali. Une rencontre qui aura une suite inattendue et qu'il est intéressant de narrer par le détail tant elle marque elle aussi le début des actions militantes de Dieuzaide en faveur de a photographie et des photographes, défendant la qualité d'oeuvre d'art de l'une, et les droits des autres. Actions qui le mèneront dans des combats sur des fronts aussi différents que ceux de la notion d'art photographique, de la philosophie de la photographie, de son enseignement, de sa reconnaissance muséale, de son industrie... Laissons Dieuzaide nous conter ses démêlés avec le peintre espagnol.

« En 1953, à l'occasion de l'un de mes reportages commandé par Arthaud, passant par Port Llégat, l'idée me vint d'essayer de photographier le maître des lieux, le peintre Salvador Dali. Installé dans la petite auberge voisine, je fais part au patron de mon désir. Connaissant bien Dali, celui-ci me conseille d'écrire une demande qu'il se charge de transmettre. Ce que je fais immédiatement. "Maître, je suis de passage dans la région, il me serait très agréable que vois m'accordiez l'autorisation de photographier le Maître au travail" et je signe "Jean Dieuzaide". Un quart d'heure plus tard arrive un jeune homme, le petit Juanito, modèle de Dali, qui me transmet une réponse négative du peintre.

Coup dur qui m'irrite car je supporte difficilement ce genre d'échec. En réfléchissant alors au côté comédien de Dali, personnage un peu farfelu connaissant bien le français, il me vient une idée. Je lui fais donc parvenir un second message : "Maître, je vous remercie de votre réponse mais puis-je vous proposer autre chose : non plus photographier le Maître mais de photographier Dali dans l'eau". Cette sorte d'onomatopée a dû lui plaire car cinq minutes plus tard, je reçois un mot : "Rendez-vous demain matin à 10h30 devant ma porte". Quelle fête ce soir-là avec le patron !

A 10h30 le lendemain, je frappe à la porte. Le Maître apparait, droit comme un I, drapé dans sa dignité et dans son peignoir, la main lui servant de fibule sur l'épaule, les jambes nues sous le peignoir, les moustaches admirablement cirées et très longues ornées de chaque côté d'une fleur de jasmin ! Un spectacle inouï devant lequel je me suis mordu la langue pour ne pas pouffer de rire. « Qu'attendez-vous de moi ? » « Je voudrais photographier Dali dans l'eau ». « Oui, mais je n'aime pas l'eau ». Effectivement il n'avait jamais été vu, ni photographié, se baignant en mer. J'insistai en lui disant « Maître, allons quand même dans l'eau ». « Je ne veux pas avoir de l'eau plus haut que les cuisses ». « Mais Maître, vous pourrez vous accroupir ». « C'est en effet une solution ». Nous nous sommes donc accroupis tous les deux dans l'eau devant les rochers et je lui ai demandé des faire des yeux "riboulants"... ce qu'il a fait avec talent. J'ai déclenché quatre ou cinq fois. Réitérant alors ma demande de le photographier chez lui, j'essuie un nouveau refus « Non, pas dans mon atelier ! » A mon retour à Toulouse, j'envoyais la série de photographies au Maître qui se garda bien de m'en accuser réception et de me retourner avec une dédicace celle que j'avais eu la prétention de lui demander à titre de souvenir personnel... Luis Miguel Dominguin et beaucoup d'autres le feront bien gentiment...
»


Extrait de : Jean Dieuzaide Yan : [photographies]- Marval, 1994


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mercredi 28 janvier 2009

Et toi, tu t'épiles comment ?!

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L'idiot (au masculin évidemment... c'est forcément un être mâle qui a fait le coup) qui a créé les femmes a tout prévu : il a posé des poils un peu partout sur leur corps. Résultat, le temps qu'elles passent à essayer de les éliminer, elles ne le passent pas à emmerder les hommes. Plan machiavélique, il faut le reconnaître. M'enfin, le sujet du jour n'est pas tout à fait là... Non, il n'est pas tout à fait là, parce qu'aujourd'hui, j'ai été témoin d'une chose rare...

J'étais au boulot, j'avais un peu de monde face à moi — mercredi oblige. Je faisais "équipe" avec deux autres collègues ; la première était en train de renseigner un brave monsieur, la seconde tournait comme un lion en cage. Elle semblait ne pas être dans son assiette ; son visage, agité d'une série de petits tics, dénotait un état un brin nerveux... À ce stade de mon récit, je me dois de vous dire que cette collègue est facilement déstabilisée : le moindre changement dans sa journée-type lui procure de vraies petites paniques. Et puis, elle n'est pas méchante, mais un brin agaçante par moment... Elle est farcie de petits TOC, elle est notamment obsédée par la saleté (ou la propreté, suivant d'où vous voyez la chose, évidemment).

Bref... La voilà donc qui ouvre soudain un tiroir, un peu comme si elle y avait réfléchi pendant une bonne demie-heure et qu'elle s'était subitement décidée à le faire. Elle en sort un gros rouleau de ruban adhésif (vous savez, le gros rouleau sur un gros distributeur... bon, je ne sais pas comment on appelle ça), et elle commence à dérouler le scotch... à dérouler le scotch... à dérouler le scotch... jusqu'à en avoir 70 ou 80 centimètres en main (je vous assure que je n'exagère pas). Et la voilà avec ses 80 centimètres de scotch en mains... Bon, moi je fais style "J'ai rien vu...", mais je l'observe quand même du coin de l'œil... Elle est partie se planquer dans un recoin, et le spectacle a commencé : une épilation du duvet de la nuque et des petits cheveux au scotch !! Ça n'a pas duré longtemps, à peine 4 ou 5 secondes, mais le spectacle était tout simplement incroyable... J'ai failli faire pipi dans ma culotte, tellement j'ai ri...

Je savais qu'elle s'adonnait à ce genre de pratiques, mes collègues m'en avaient parlé. Mais je ne l'avais jamais vu de mes propres yeux... Voilà qui est fait !


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lundi 26 janvier 2009

De l'huile...!


En attendant la suite...



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vendredi 23 janvier 2009

Étrange addiction

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Détail de la couverture du tome 1 de la trilogie Millénium
Millénium, tome 1 - Détail de la couverture
Voilà quelques jours que j'ai commencé la lecture du premier tome de Millénium de Stieg Larsson (Les hommes qui n'aimaient pas les femmes - Actes Sud, 2006). Tous les médias nous ont rebattus les oreilles avec ce bouquin... Il a été annoncé comme étant le polar de la décennie... Rien que ça... Il a bien évidemment fait un carton dans les librairies et les bibliothèques. Chez nous, le tome 1, bien qu'en circulation depuis la rentrée 2006, est actuellement encore réservé par 18 personnes...

Je ne suis pas une grande adepte des bouquins annoncés Best-sellers. Le tapage médiatique, au lieu de m'inciter à lire — et donc à acheter, puisque je vous rappelle que je ne lis quasiment que des bouquins qui m'appartiennent —, provoque chez moi une sorte de rejet du bouquin. J'avoue que c'est stupide, mais c'est comme ça. Prenez le cas du célébrissime Da Vinci Code : il m'a fallu des mois avant de me résoudre à le lire... lecture qui, entre nous soit dit, a été une belle perte de temps, mais là n'est pas le sujet. Le sujet du jour est Millénium et l'étrange addiction qu'il provoque bien qu'il ne soit pas si fantastique que ça...
Mikael Blomkvist, rédacteur actionnaire du Millénium, revue d’investigations sociales et économiques, vient d’être condamné à trois mois de prison pour diffamation aggravée à l’encontre de l’industriel Hans-Erik Wennerström. Pour la sauvegarde du journal, il est contraint de s’éloigner pendant quelque temps de l’emprise médiatique.

Mikael, qui pensait profiter de ces jours de repos forcés, est contacté par Henrik Vanger, un magnat de l’industrie, qui lui demande de percer l’énigme de la disparition mystérieuse de sa petite nièce Harriet survenue sur l’île familiale en 1966, ainsi que l’affaire des fleurs séchées qui depuis tapissent le mur de son bureau.

Devenu détective malgré lui, embringué dans les méandres de la famille Vanger, Mikael, secondé par Lisbeth Salander, une jeune femme psychopathe rebelle et perturbée, mais génie de l’informatique, se plonge dans leurs affaires personnelles mettant à jour une galerie de personnages troublants et inquiétants, des scandales financiers et des vengeances haineuses et sordides difficilement publiables. (Résumé lâchement piqué à Florinette)
Je ne l'ai pas complètement terminé, il me reste une cinquantaine de pages, et quelque chose me dit que je vais être déçue... M'enfin... En attendant, je suis comme happée par ce bouquin, je n'arrive pas à le lâcher... Je rentre du boulot, je lis ; à peine le repas terminé, je lis... Et je n'arrive pas à le poser avant que mes yeux brûlent de sommeil... Et le plus étrange, dans tout ça, c'est que ce bouquin n'est certainement pas le meilleur que j'ai lu, loin de là... Florence Aubenas, dans BibliObs, se fait la même réflexion : « On aurait été incapables d'expliquer ce qui nous tenait à ce point. On en riait. On se répétait : comment est-ce possible ? Même l'intrigue n'est pas si bien que ça ! ». Je reste perplexe, mais accro... Je crois finalement que le succès du bouquin est bien plus dû aux personnages qu'à l'intrigue elle-même. Je suis fascinée par le personnage de Lisbeth Salander, et je pense qu'en fait, je continue à lire le livre uniquement pour rester en sa compagnie...

Voilà l'histoire de cette étrange addiction... Je pense que je vais quand même aller acheter le tome 2... M'enfin, en attendant, il me faut relire Dix petits nègres d'Agatha Christie... Vous comprendrez aisément qu'avec toutes ces lectures, je n'ai plus trop le temps de m'occuper du blog... Mais promis, ça va revenir !


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lundi 19 janvier 2009

Du savoir-vivre féminin en 15 points


« Les femmes d’aujourd’hui sont en train de détrôner le mythe de la féminité ;
elles commencent à affirmer concrètement leur indépendance ;
mais ce n’est pas sans peine qu’elles réussissent à vivre
intégralement de leur condition d’être humain.
»
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (Formation, Introduction)


Simone de Beauvoir
Simone de Beauvoir


Authentique extrait d'un manuel scolaire catholique d'économie domestique pour les femmes, publié en 1960.


1 - Faites en sorte que le souper soit prêt
Préparez les choses à l'avance, le soir précédent s'il le faut, afin qu'un décilieux repas l'attende à son retour du travail. C'est une façon de lui faire savoir que vous avez pensé à lui et vous souciez de ses besoins. La plupart des hommes ont faim lorsqu'ils rentrent à la maison et la perspective d'un bon repas (particulièrement leur plat favori) fait partie de la nécessaire chaleur d'un accueil.

2 - Soyez prête
Prenez quinze minutes pour vous reposer afin d'être détendue lorsqu'il rentre. Retouchez votre maquillage, mettez un ruban dans vos cheveux et soyez fraîche et avenante. Il a passé la journée en compagnie de gens surchargés de soucis et de travail. Soyez enjouée et un peu plus intéressante que ces derniers. Sa dure journée a besoin d'être égayée et c'est un de vos devoirs de faire en sorte qu'elle le soit.

3 - Rangez le désordre
Faites un dernier tour des principales pièces de la maison juste avant que votre mari ne rentre. Rassemblez les livres scolaires, les jouets, les papiers, etc. et passez ensuite un coup de chiffon à poussière sur les tables.

4 - Pendant les mois les plus froids de l'année
Il vous faudra préparer et allumer un feu dans la cheminée, auprès duquel il puisse se détendre. Votre mari aura le sentiment d'avoir atteint un havre de repos et d'ordre et cela vous rendra également heureuse. En définitive veiller à son confort vous procurera une immense satisfaction personnelle.



Manifestation pour le droit de vote des femmes


5 - Réduisez tous les bruits au minimum
Au moment de son arrivée, éliminez tout bruit de machine à laver, séchoir à linge ou aspirateur. Essayez d'encourager les enfants à être calmes. Soyez heureuse de le voir. Accueillez-le avec un chaleureux sourire et montrez de la sincérité dans votre désir de lui plaire.

6 - Écoutez-le
Il se peut que vous ayez une douzaine de choses importantes à lui dire, mais son arrivée à la maison n'est pas le moment opportun. Laissez-le parler d'abord, souvenez-vous que ses sujets de conversation sont plus importants que les vôtres. Faites en sorte que la soirée lui appartienne.

7 - Ne vous plaignez jamais s'il rentre trop tard à la maison
Ou sort pour dîner ou pour aller dans d'autres lieux de divertissement sans vous. Au contraire, essayez de faire en sorte que votre foyer soit un havre de paix, d'ordre et de tranquillité où votre mari puisse détendre son corps et son esprit.

8 - Ne l'accueillez pas avec vos plaintes et vos problèmes
Ne vous plaignez pas s'il est en retard à la maison pour le souper ou même s'il reste dehors toute la nuit. Considérez cela comme mineur, comparé à ce qu'il a pu endurer pendant la journée. Installez-le confortablement. Proposez-lui de se détendre dans une chaise confortable ou d'aller s'étendre dans la chambre à coucher. Préparez-lui une boisson fraîche ou chaude. Arrangez l'oreiller et proposez-lui d'enlever ses chaussures.
Parlez d'une voix douce, apaisante et plaisante. Ne lui posez pas de questions sur ce qu'il a fait et ne remettez jamais en cause son jugement ou son intégrité. Souvenez-vous qu'il est le maître du foyer et qu'en tant que tel, il exercera toujours sa volonté avec justice et honnêteté.



27 août 1970. La femme du soldat inconnu. « Il y a encore plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme » proclament des féministes. Elles tentent de déposer une gerbe en sa mémoire devant l'Arc de triomphe. Une action symbolique, analysée par les historiens comme le point de départ des mouvements féministes des années 1970.


9 - Lorsqu'il a fini de souper, débarrassez la table et faites rapidement la vaisselle
Si votre mari se propose de vous aider, déclinez son offre car il risquerait de se sentir obligé de la répéter par la suite et après une longue journée de labeur, il n'a nul besoin de travail supplémentaire.
Encouragez votre mari à se livrer à ses passe-temps favoris et à se consacrer à ses centres d'intérêt et montrez-vous intéressée sans toutefois donner l'impression d'empiéter sur son domaine. Si vous avez des petits passe-temps vous -même, faites en sorte de ne pas l'ennuyer en lui parlant, car les centres d'intérêts des femmes sont souvent assez insignifiants comparés à ceux des hommes.

10 - À la fin de la soirée
Rangez la maison afin qu'elle soit prête pour le lendemain matin et pensez à préparer son petit déjeuner à l'avance. Le petit déjeuner de votre mari est essentiel s'il doit faire face au monde extérieur de manière positive. Une fois que vous vous êtes tous les deux retirés dans la chambre à coucher, préparez-vous à vous mettre au lit aussi promptement que possible.

11 - Bien que l'hygiène féminine
Soit d'une grande importance, votre mari fatigué ne saurait faire la queue devant la salle de bain, comme il aurait à la faire pour prendre son train. Cependant, assurez-vous d'être à votre meilleur avantage en allant vous coucher. Essayez d'avoir une apparence qui soit avenante sans être aguicheuse. Si vous devez vous appliquer de la crème pour le visage ou mettre des bigoudis, attendez son sommeil, car cela pourrait le choquer de s'endormir sur un tel spectacle.



Manifestation du MLF - 1982


12 - En ce qui concerne les relations intimes avec votre mari
Il est important de vous rappeler vos vœux de mariage et en particulier votre obligation de lui obéir. S'il estime qu'il a besoin de dormir immédiatement, qu'il en soit ainsi. En toute chose, soyez guidée par les désirs de votre mari et ne faites en aucune façon pression sur lui pour provoquer ou stimuler une relation intime.

13 - Si votre mari suggère l'accouplement
Acceptez alors avec humilité tout en gardant à l'esprit que le plaisir d'un homme est plus important que celui d'une femme, lorqu'il atteint l'orgasme, un petit gémissement de votre part l'encouragera et sera tout à fait suffisant pour indiquer toute forme de plaisir que vous ayez pu avoir.

14 - Si votre mari suggère une quelconque des pratiques moins courantes
Montrez-vous obéissante et résignée, mais indiquez votre éventuel manque d'enthousiasme en gardant le silence. Il est probable que votre mari s'endormira alors rapidement ; ajustez vos vêtements, rafraîchissez-vous et appliquez votre crème de nuit et vos produits de soin pour les cheveux.

15 - Vous pouvez alors remonter le réveil
Afin d'être debout peu de temps avant lui le matin. Cela vous permettra de tenir sa tasse de thé du matin à sa disposition lorsqu'il se réveillera.



Manifestation du MLF - 1972


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dimanche 18 janvier 2009

Florine

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Le moulin... par Dimitri Depaepe
Le moulin... par Dimitri Depaepe
© Tous droits réservés


Florine

Il y avait une fois un veuf, qui avait une fille qui se nommait Florine. Quand celle-ci eut atteint l'âge de quinze ans, il se remaria avec une veuve qui avait une fille du même âge que Florine, mais qui était aussi laide que Florine était jolie.

La belle-mère était jalouse de la beauté de Florine. Elle la faisait travailler toute la journée et ne lui donnait presque rien à manger. Quant aux bijoux et aux toilettes que le père envoyait, tout cela était pour sa fille Truitonne. Celle-ci avait tout, et quand elle était dégoûtée d'une toilette ou de quelque objet, elle le donnait à Florine qui obéissait doucement, sans répondre.

Un jour, la belle-mère trouva que Florine ne travaillait pas assez. Elle l'envoya toutes les nuits moudre du blé dans le vieux moulin qui était hanté.

Florine emmena avec elle son petit chien et son petit chat. On lui donnait deux morceaux de pain, un rassis et un frais. Elle gardait toujours le pain rassis pour elle et donnait le pain frais au petit chien et au petit chat. A minuit, elle entendit frapper à la porte du moulin.
« Qui est là ? demanda-t-elle.
— C'est moi », répondit une grosse voix.
C'était un revenant.
« Que faire, mon petit chien, mon petit chat ?
— Dis-lui, répondirent-ils, qu'il t'apporte une belle robe et un chapeau. »
Elle demanda une belle robe et un chapeau. Quelque temps après, on entendit encore frapper à la porte, et la même voix qui dit :
« Ouvre-moi, j'apporte ta robe et ton chapeau.
— Que faire, mon petit chien, mon petit chat ?
— Dis-lui qu'il t'amène des chevaux, des laquais et un carrosse, avec tous les ornements qu'il faut pour une princesse. »
Elle demanda tout cela. Quelque temps après, la voix dit encore :
« J'ai tout apporté. Ouvre-moi. »
Florine fit la même demande au petit chien et au petit chat. Ceux-ci lui répondirent :
« Dis-lui qu'il rapporte de l'eau dans un panier percé et qu'il ne s'arrête qu'à l'heure où le coq chantera. »
Elle demanda cela, et le mort ne revint pas de la nuit.

Le lendemain, la belle-mère, en voyant arriver Florine, qui revenait du moulin avec tant de richesses, voulut y envoyer sa fille la nuit suivante. Elle y alla, et quand elle fut arrivée au moulin, elle donna le pain rassis au petit chien et au petit chat, et elle mangea le pain frais.

A minuit, le mort vint frapper à la porte. Elle leur demanda :
« Qu'est-ce qu'il faut faire ? »
Ils répondirent :
« Cherche toi-même. Tu as mangé le pain frais. C'est à toi de trouver. »
A ce moment, le revenant entrait. Truitonne eut tellement peur qu'elle pensa l'apaiser en l'appelant « mon oncle », et elle lui dit :
« Oh ! mon oncle, vous avez de grandes mains.
— C'est pour mieux te saisir, mon enfant.
— Oh ! mon oncle, vous avez de beaux yeux.
— C'est pour mieux te voir, mon enfant.
— Oh ! mon oncle, vous avez un beau nez.
— C'est pour mieux te sentir, mon enfant.
— Oh ! mon oncle, vous avez de grandes dents.
— C'est pour mieux te manger, mon enfant. »
Et le revenant mangea Truitonne. Quant à Florine, elle vécut dans le bonheur, avec un gentil jeune homme qu'elle épousa.


Recueilli à Esconnets-de-Lannemezan (Hautes-Pyrénées).
Revue des traditions populaires, 1902.
In Contes occitans, Jean Markale - Stock, 1981



Texte qui complète le conte :
Ce conte est bâti sur le thème de Cendrillon avec des emprunts évidents au Petit Chaperon rouge, mais le traitement est original, car ce n'est pas grâce à sa marraine, la fée, que Cendrillon peut obtenir justice de sa belle-mère et de sa belle-soeur. C'est par son courage personnel, et aussi par les conseils du chien et du chat dont elle s'est fait des amis, qu'elle parvient à "manœuvrer" habilement le revenant. Les pouvoirs surnaturels de celui-ci, pouvoirs maléfiques, sont déviés de leur destination et servent à rendre à Florine le rang auquel elle a droit. On notera que, d'habitude, les revenants ne sont que des âmes en peine, attendant le moment où un être humain viendra à leur secours par un geste de charité. Ici, le revenant est plutôt d'essence diabolique : il dévore ses victimes et, comme tel, il s'apparente au vampire de l'Europe centrale, qui ne peut survivre dans sa vie nocturne que par le sang frais qu'il puise dans le cou de ses victimes. Il est également possible de voir dans ce revenant une figuration de la divinité créatrice et destructrice du monde, celle qui se nourrit de ce qu'elle a crée. L'équivalent mythologique se retrouve dans l'épopée irlandaise, dans le personnage de Dagada, dont le nom signifie le "Dieu bon", mais qui, en réalité, n'est ni bon, ni mauvais. Il se sert d'une massue : s'il frappe avec un bout de cette massue, il tue ; s'il frappe avec l'autre bout, il ressuscite. C'est aussi le personnage de l'Ogre (le latin Orcus) qui mange ses propres enfants, c'est-à-dire en fait le Chronos grec. Comme nous sommes dans un contexte chrétien, le revenant de ce conte a un aspect diabolique, mais en réalité, il est surtout terrifiant parce qu'il symbolise le temps qui dévore. La grande question qui se pose est donc de distraire le revenant de son but, en l'obligeant à accomplir certains actes. S'il accomplit ces actes, c'est dans l'espoir qu'on lui ouvrira la porte et qu'il pourra satisfaire son envie. Mais le chien et le chat, qui représentent la sagesse chamanique, la connaissance des secrets du monde, empêchent le revenant d'accomplir sa mission. La petite Florine est donc une sorte de prêtresse chamane : elle comprend le langage des animaux, converse avec eux et leur fait du bien. Ceux-ci mettent donc leur savoir à son service, tandis qu'ils le refusent à Truitonne, laquelle n'est pas initiée au chamanisme et ne comprend rien à ce qui se passe. D'ailleurs, dans tous les contes populaires, il y a un manichéisme latent : ceux qui sont beaux sont bons, et ceux qui sont laids sont mauvais. Tout se passe comme si la laideur était une tare, un obstacle insurmontable. Cette notion paraît très primaire, mais elle s'explique fort bien quand on prend l'image comme telle, c'est-à-dire sous sa forme symbolique. Car, idéalement parlant, le devise des Grecs, "beau et bon", est toujours valable. Le conte populaire transcende toujours le réel et décrit les grandes lignes d'une société qui n'est pas encore née. Mais cette société se fera un jour, comme l'aboutissement de tous les désirs inconscients des êtres humains à la recherche du bonheur, de l'équilibre et de la justice. Et dans cette société idéale où rien ne pourra être caché, la beauté est nécessairement l'aspect visible de la bonté. Voilà pourquoi Truitonne, la laide, est châtiée et Florine, la belle, est récompensée.


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samedi 17 janvier 2009

Alléluia !

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Alléluia, mes amis ! J'ai résolu le problème que j'évoquais dans l'article précédent !

Je récapitule donc quel était le problème : je souhaitais intégrer la fonction "Lire la suite", ce qui permet de ne pas afficher tout l'article sur la page d'accueil. J'ai piqué l'astuce à Rodney Sankinka, sur son blog Blogger au bout du doigt. La chose paraissait bien simple : un bout de code à insérer dans le template, une balise à insérer dans l'article, et hop ! le tour devait être joué... Mais c'était sans compter sur la bêtise de PetitChap...

Après avoir tout bien fait comme Rodney l'explique, j'ai donc été vérifier le rendu... Et là, surprise ! Ca fonctionnait correctement sous IE, mais que partiellement sous FireFox. On aurait dit que ma balise était fermée plus tôt que ce qu'elle aurait dû, ce qui n'était pas le cas. J'ai remué ciel et terre, j'ai juré mes grands dieux, je me suis arraché la moitié de ma — somptueuse — chevelure... J'ai envoyé 150 mails...

Je me doutais bien que le problème venait de conflits entre balises, mais je n'arrivais pas à mettre précisément la main dessus. Et PetitChap est obstinée, très obstinée... J'ai donc repris tous les articles... un à un... Et ça fonctionne ! Ben oui, le problème venait d'une erreur de débutant... de balises qui n'étaient pas correctement imbriquées... Je suis rouge de honte... Mais ça fonctionne !! La vie peut donc reprendre son cours habituel...!

Merci encore, elgJyn... pour ta patience, et pour ne pas m'avoir dit que je suis une vraie tripe... même si c'est la — dure — réalité...!


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samedi 10 janvier 2009

IE7 : 1 point ; FireFox 3 : 0 point

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Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh !! Colère toute rouge, PetitChap !!

Voilà quelques jours que j'ai découvert la possibilité d'intégrer de la fonction "Lire la suite" sur ce blog. On connait tous ce petit système bien sympathique qui consiste à n'afficher qu'une partie de l'article, et qui, lorsque l'on clique sur "Lire la suite" ou un truc dans le même genre, permet d'afficher l'article dans son intégralité. Blogger ne le permet pas par défaut, il faut donc aller trifouiller un peu le code... Quelques braves personnes ont mis ce code à disposition sur leurs blogs, il ne suffit normalement que d'effectuer un gentil copier/coller au bon endroit et le tour est joué.

De prime abord, tout fonctionnait correctement... jusqu'à ce que j'observe la chose de plus près. Et ça fonctionne très mal, pour ne pas dire pas du tout sur certains put*** d'articles.

Il y a déjà un gros inconvénient : le lien "Lire la suite" se pose par défaut sur tous les articles, même si vous ne l'intégrez pas dans votre article. M'enfin, j'imagine que ce n'est qu'un tout petit inconvénient qu'il est possible de corriger.

Mon souci se situe ailleurs, et il est de l'ordre de l'étrange... Je ne sais pas bien comment expliquer le souci. Quand tout se passe normalement, vous faites votre article en définissant ce qui doit être "caché". Vous encadrez cette partie de votre article par des balises. Vous remarquerez que ça fonctionne bien pour l'article précédent (intitulé Il était temps...). En revanche, ça ne fonctionne pas correctement pour l'article Belle Églantine : les deux images des couples et tout le texte qui est en dessous ne devraient pas apparaitre. Et j'ai ce souci sur tout un tas d'articles. Ça réagit comme si j'avais fermé ma balise trop tôt, ce qui n'est pas le cas. J'ai bien fermé ma balise à la fin de l'article... J'ai d'abord pensé que le souci venait des images, mais ce n'est pas ça puisque l'article Méthode infaillible pour paralyser une ville se comporte normalement bien qu'il contient tout un tas de photos. Et c'est pire encore pour les deux articles du mois d'octobre : ça ne fonctionne pas du tout.

J'étais là en train de m'énerver, d'insulter le monde entier, de m'arracher les cheveux et de me manger les ongles quand j'ai eu une "révélation"... Mon navigateur est FireFox 3... J'ai été voir comment ça se comportait sous IE7... Et terreur des terreurs : ça fonctionne correctement sous IE7 alors que ça merde sous FireFox 3 !! C'est le monde à l'envers !!

Est-ce qu'une brave personne pourrait m'expliquer ce mystère ? Ca urge un peu, en fait... Je suis à deux doigts d'exploser...


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jeudi 8 janvier 2009

Il était temps...

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Le livret individuel de formation de la Fonction publique territoriale
Nouveauté chez les fonctionnaires : nous sommes désormais en possession d'un Livret individuel de formation. Suite à une loi, un décret ou à je-ne-sais-trop-quoi, chaque fonctionnaire se verra remettre ce livret dès sa titularisation. Pour ceux qui le sont déjà, ils doivent le récupérer avant février ou mars de cette nouvelle année.

Nous nous sommes vus remettre ce livret hier matin. La personne en charge de la formation est venue nous expliquer — en grande pompe — l'utilité de la chose : il est censé suivre le fonctionnaire tout au long de sa carrière professionnelle. Il est l'équivalent d'un méga gros CV détaillé. Nous sommes donc censés y noter notre parcours scolaire, nos diplômes et autres joyeusetés dans ce genre, mais également notre parcours professionnel et nos formations effectuées dans ce cadre. Enfin, il recense toutes nos compétences, tant professionnelles qu'extra-professionnelles... Je ne ferai pas de commentaire à propos de ce dernier point...!

En clair, ce livret de formation est rempli de bonnes intentions... Tout comme la plupart des documents de la fonction publique, il ne nous servira pas à grand chose. Il a cependant le mérite d'exister pour ceux qui ont l'obsession de classer leurs documents (ce qui n'est pas mon cas)...

Je vous livre maintenant la phrase qui m'a fait hurler de rire. La brave dame qui nous expliquait tout ça (parce que si vous n'êtes pas fonctionnaire, vous ne savez peut être pas que, dans le monde merveilleux de la fonction publique, la moindre petite chose mérite sa réunion officielle) nous faisait un long discours sur les bienfaits de la formation, discours qu'elle a conclu par un très fier (attention, cet article est uniquement fondé sur cette petite phrase... accrochez-vous !) :
« Oui parce que, depuis quelques temps, la fonction publique est constituée de vraies professions. Il est donc nécessaire que chacun, via les formations, devienne un vrai professionnel dans les fonctions qu'on lui demande d'exercer au sein de sa collectivité ! »
Non ?! Vous ne voyez pas ce qui m'a fait hurler de rire ?! Ben, j'ai comme l'impression que cette brave dame, avec cette belle phrase, a reconnu ouvertement que, jusque là, les fonctionnaires n'étaient qu'un ramassis d'abrutis ne sachant pas faire leur job...! Excellent ! En clair, jusque là, les fonctionnaires n'étaient que fonctionnaires... ils n'avaient rien à faire, ne savaient que faire de leur journée, n'étaient formés à rien... ils n'avaient pas de "vrai" métier... Mais c'est fini ! Maintenant, le livret individuel de formation est là ; vous n'avez plus rien à craindre !! Nous seront désormais obligés de suivre au moins deux jours de formation chaque... cinq ans...! Ah ben oui, ça ne rigole plus dans la fonction publique...

Nous serons alors formés à un "vrai" métier, avec de "vraies" tâches à effectuer... et nous ferons tout cela avec professionnalisme...! Ouf ! Il était temps ! [Oui, bon, c'est à ce moment de l'histoire que le point d'ironie à notre typographie... mais ne dit-on pas que l'ironie — par écrit — est un pari sur l'intelligence du lecteur...? Je vous fais donc confiance...]


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dimanche 4 janvier 2009

Belle Églantine - Chanson de toile

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Le sortilège de l'amour - Maître anonyme rhénan
Le sortilège de l'amour - Maître anonyme rhénan
Huile sur bois, 24 x 18cm - Fin du XVe siècle

Belle Églantine

Dans une chambre somptueuse, Belle Églantine
près de sa dame cousait une chemise.
À son insu Amour l'a surprise.
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
Près de sa dame, elle coud et taille,
mais moins habile qu'à l'accoutumée,
distraite, elle se pique le doigt.
(Tout aussitôt sa mère l'aperçoit.)
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.


« Belle Églantine, ôtez votre surcot,
je veux dessous voir votre joli corps.
— Non, Madame, le froid apporte la mort. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.


« Belle Églantine, quel mal donc vous mine,
qui vous fait pâlir et épaissir ?
— Ma chère dame, je ne puis plus le nier. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.


« Oui, j'ai aimé un séduisant guerrier,
le preux Henri qui est tant estimé.
Si vous m'aimez, de moi ayez pitié. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.


« Belle Églantine, vous épousera-t-il ?
— Je ne le sais, jamais ne l'ai requis.
— Belle Églantine, allez-vous-en d'ici. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.


« De ma part demandez à Henri
s'il veut vous prendre ou vous laisser ainsi.
— Bien volontiers, Madame. », a-t-elle dit.
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.


Belle Églantine a quitté son logis,
tout droit est venue à l'hôtel d'Henri.
Le comte Henri était couché au lit.
Écoutez bien ce que la belle a dit.
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.


« Seigneur Henri, dormez-vous ? Veillez-vous ?
Églantine au visage clair vous demande
si vous voulez la prendre pour épouse.
— Oui, répond-il. Quelle joie d'être à vous ! »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.


En l'entendant, Henri fut très joyeux.
Il fit monter jusqu'à vingt chevaliers,
en son pays il emmena la belle
dont il fit sa femme et puissante comtesse.
Qu'il est heureux
le comte Henri d'avoir belle Églantine !


Chanson de toile anonyme
Anthologie de la poésie lyrique française des XIIe et XIIIe siècles,
édition bilingue de Jean Dufournet, Poésie/Gallimard

Un couple d'amoureux - Maître anonyme allemand
Les amants trépassés - Maître anonyme allemand

Double face d'un même tableau - Maître anonyme allemand, Vers 1470
Recto : Un couple d'amoureux - Verso : Les amants trépassés


La chanson de toile, anonyme, raconte une histoire d'amour, triste le plus souvent. C'est un genre populaire et un poème court, une chanson de femme chantée seulement, en ses débuts, par des femmes devant leur métier à tisser ou à filer. Elle raconte l'amour d'une jeune fille pour un homme, contrairement à la chanson courtoise où le Chevalier s'adresse à sa Dame.


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samedi 3 janvier 2009

D'abord la joue droite...

.

Rhôoo... encore de la neige... pff !!
Ah oui mais là, c'était chez mes parents... dans le futur jardin... Ça en jette, non ?!


Rituel de chaque mois de janvier : les vœux en tous genres... vœux de bonheur, de bonne santé, de prospérité... Je n'aime pas particulièrement tous ces frottages de joues, mais je m'y colle :

Je vous souhaite donc une excellente année 2009 !
Qu'elle vous apporte ce que vous désirez...

Le bisou sur la joue droite, d'abord... puis le bisou sur la joue gauche...


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