dimanche 8 mars 2009

Le poème des Poèmes...


Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques I, 1960
Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques I, 1960
Huile sur papier, marouflé sur toile

Que tu es belle, mon amie, que tu es belle!
Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile.
Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres,
Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.

Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues,
Qui remontent de l'abreuvoir;
Toutes portent des jumeaux,
Aucune d'elles n'est stérile.

Tes lèvres sont comme un fil cramoisi,
Et ta bouche est charmante;
Ta joue est comme une moitié de grenade,
Derrière ton voile.
Ton cou est comme la tour de David,
Bâtie pour être un arsenal;
Mille boucliers y sont suspendus,
Tous les boucliers des héros.

Tes deux seins sont comme deux faons,
Comme les jumeaux d'une gazelle,
Qui paissent au milieu des lis.

Avant que le jour se rafraîchisse,
Et que les ombres fuient,
J'irai à la montagne de la myrrhe
Et à la colline de l'encens.

Tu es toute belle, mon amie,
Et il n'y a point en toi de défaut.

Viens avec moi du Liban, ma fiancée,
Viens avec moi du Liban!
Regarde du sommet de l'Amana,
Du sommet du Senir et de l'Hermon,
Des tanières des lions,
Des montagnes des léopards.

Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques II, 1957
Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques II, 1957
Huile sur papier, marouflé sur toile

Tu me ravis le coeur, ma soeur, ma fiancée,
Tu me ravis le coeur par l'un de tes regards,
Par l'un des colliers de ton cou.

Que de charmes dans ton amour, ma soeur, ma fiancée!
Comme ton amour vaut mieux que le vin,
Et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates!

Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée;
Il y a sous ta langue du miel et du lait,
Et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban.

Tu es un jardin fermé, ma soeur, ma fiancée,
Une source fermée, une fontaine scellée.

Tes jets forment un jardin, où sont des grenadiers,
Avec les fruits les plus excellents,
Les troënes avec le nard;

Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome,
Avec tous les arbres qui donnent l'encens;
La myrrhe et l'aloès,
Avec tous les principaux aromates;

Une fontaine des jardins,
Une source d'eaux vives,
Des ruisseaux du Liban.

Lève-toi, aquilon! viens, autan!
Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s'en exhalent!
- Que mon bien-aimé entre dans son jardin,
Et qu'il mange de ses fruits excellents!
-

Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques III, 1960
Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques III, 1960
Huile sur papier, marouflé sur toile



J'entre dans mon jardin, ma soeur, ma fiancée;
Je cueille ma myrrhe avec mes aromates,
Je mange mon rayon de miel avec mon miel,
Je bois mon vin avec mon lait...
- Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour! -

J'étais endormie, mais mon coeur veillait...
C'est la voix de mon bien-aimé, qui frappe:
- Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, Ma colombe, ma parfaite!
Car ma tête est couverte de rosée,
Mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit.
-

J'ai ôté ma tunique; comment la remettrais-je?
J'ai lavé mes pieds; comment les salirais-je?

Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre,
Et mes entrailles se sont émues pour lui.

Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé;
Et de mes mains a dégoutté la myrrhe,
De mes doigts, la myrrhe répandue
Sur la poignée du verrou.

J'ai ouvert à mon bien-aimé;
Mais mon bien-aimé s'en était allé, il avait disparu.
J'étais hors de moi, quand il me parlait.
Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé;
Je l'ai appelé, et il ne m'a point répondu.

Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée;
Ils m'ont frappée, ils m'ont blessée;
Ils m'ont enlevé mon voile, les gardes des murs.

Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
Si vous trouvez mon bien-aimé,
Que lui direz-vous?...
Que je suis malade d'amour.

Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques IV, 1960
Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques IV, 1960
Huile sur papier, marouflé sur toile

Qu'a ton bien-aimé de plus qu'un autre,
O la plus belle des femmes?
Qu'a ton bien-aimé de plus qu'un autre,
Pour que tu nous conjures ainsi?

Mon bien-aimé est blanc et vermeil;
Il se distingue entre dix mille.

Sa tête est de l'or pur;
Ses boucles sont flottantes,
Noires comme le corbeau.

Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux,
Se baignant dans le lait,
Reposant au sein de l'abondance.

Ses joues sont comme un parterre d'aromates,
Une couche de plantes odorantes;
Ses lèvres sont des lis,
D'où découle la myrrhe.

Ses mains sont des anneaux d'or,
Garnis de chrysolithes;
Son corps est de l'ivoire poli,
Couvert de saphirs;

Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc,
Posées sur des bases d'or pur.
Son aspect est comme le Liban,
Distingué comme les cèdres.

Son palais n'est que douceur,
Et toute sa personne est pleine de charme.
Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami,
Filles de Jérusalem!


Cantique des cantiques - (Cantiques 4 et 5)

Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques V, 1965-1966
Marc Chagall - Le Cantique des Cantiques V, 1965-1966
Huile sur papier, marouflé sur toile


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