Général de Gaulle - Jean Dieuzaide (Yan)
Toulouse, 16 septembre 1944
C'est le 16 septembre 1944 que Yan va véritablement se propuler au devant de la scène et imposer sa signature dans la presse. Ce jour-là, le général de Gaulle effectue une visite rapide à Toulouse pour prendre le pouls des forces de résistance composées de F.F.I., de F.T.P. et de beaucoup de maquisards espagnols. Yan se met en tête, bien entendu, de le photographier. Mais les mesures de sécurité sont strictes et impératives : interdiction formelle aux photographes d'approcher à moins de dix mètres ! Des conditions qui rendent impossible tout portrait en gros plan.
Dans l'après-midi toutefois, une occasion va se présenter.
« Après le discours prononcé au balcon du Capitole, la voiture découverte du général vient se ranger devant le trottoir en face de la mairie. Visant le balcon où parlait le général, je savais que j'arriverai à la voiture. Je tente donc de passer au premier rang en fendant une foule compacte. J'arrive enfin au bord des barrières... mais l'endroit exact que j'avais choisi pour me mettre face à l'arrière de la voiture, était occupé par la musique militaire dans tous ses apparats. Que faire ? Avec la complicité des musiciens, je me faufile à quatre pattes entre leurs rangs et me dissimule accroupi entre la grosse caisse et les cymbales ! Je suis resté là tout au long de l'exécution des quatre hymnes nationaux alliés !... Décrire le bruit infernal est impossible !... Mais lorsque le général de Gaulle est sorti, je me suis redressé pour le prendre à la volée, le buste se découpant sur le fond noir du portail de la mairie. Le tout sans téléobjectif évidemment... Le visage n'était pas très gros dans mon viseur ! Je suis vite revenu au laboratoire, l'angoisse au coeur, pour développer ce film avec mon bon D76. Soupir de soulagement, le buste était bien net et se découpait bien sur un fond noir. Je l'ai vite agrandi en 18x24 et le lendemain la photographie était publiée dans la presse locale. »
Les portraits du général étant encore rares à cette époque, l'image a un succès immédiat. Une idée géniale surgit alors dans l'esprit de Yan : celle d'adresser un tirage cartoline de cette photographie à toutes les préfectures de France accompagnée d'une lettre indiquant que « cette photo... est cédée au pris de 20 francs quelle que soit l'importance de la commande » et recommandant de passer « commande rapidement en raison de la pénurie de papier photographique ». Signée Yan, cette lettre lui vaudra un grand nombre de réponses : 300 à 400 épreuves lui sont commandées, la Présidence du Conseil lui achetant même le négatif pour la somme de dix mille francs ! Son premier gros chèque !
Extrait de : Jean Dieuzaide Yan : [photographies]- Marval, 1994
Jean Dieuzaide (1921-2003), photographe français :
Fils d'une famille modeste issue de la région toulousaine, il débute son art peu avant la Seconde Guerre mondiale. Il gagne sa renommée en captant le Général de Gaulle lors de sa venue pour la Libération de Toulouse. Il prend alors le pseudonyme de Yan et travaillera essentiellement dans le sud-ouest français, en Espagne et au Portugal. Il fait en particulier une série de clichés, restés célèbres, sur Salvador Dali. Il est honoré par le prix Niépce en 1955 et le prix Nadar en 1961.
Il a été le créateur et l'animateur à Toulouse de la Galerie municipale du Château-d'Eau, première galerie permanente de photographie en France, installée dans un ancien château d'eau (1824), au bord de la Garonne et au débouché du Pont-Neuf, qui alimentait en eau les fontaines de Toulouse.
[source : wikipédia]
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